Corneille

Césarée Maritime fut le point de départ de Saint Paul pour ses trois voyages missionnaires.

Ville de cantonnement du centurion romain Corneille, Césarée Maritime fut aussi le point de départ de Saint Paul pour ses trois voyages missionnaires.

Corneille est le premier païen à s’être converti au Christianisme : il est devenu partie prenante de l’Eglise des origines, ce qui était très important pour la communauté primitive. L’intérêt de l’évangéliste Luc pour sa conversion concerne justement le caractère unique de cet évènement.

Corneille habitait à Césarée Maritime, capitale de la Judée romaine. Son nomen[1] descendait de la gens Cornelia. Toutefois il est peu probable qu’il ait appartenu à la noblesse romaine. Luc le décrit comme un centurion de la cohorte italique (Actes des Apôtres 10, 1). La présence d’un corps militaire dans cet endroit est documentée à partir de 70, donc il est probable que Luc anticipe l’histoire de Corneille.

Par son nom et sa profession, il se présente comme un païen : les catégories et les qualités judaïques présentes dans le comportement de ce païen sont d’autant plus significatives. Il est pieux, fait l’aumône et prie assidument Dieu (Ac 10, 2). Au sein des écrits de Luc, Corneille se situe idéalement à côté des soldats qui ont répondu positivement à la bonne nouvelle et de deux autres centurions cités précédemment par Luc : l’un qui est décrit comme un exemple de foi et l’autre qui avait loué Jésus comme « le juste ».

Les caractéristiques les plus importantes de l’histoire de Corneille sont triple : 1) C’est le récit individuel le plus long des Actes des apôtres ; 2) Il commence par deux visions qui n’ont apparemment pas de rapport avec le reste de l’épisode ; 3) Certaines parties de l’histoire sont répétées plusieurs fois.

Certaines analyses proposent  une interprétation plus ample, selon laquelle le sujet principal est l’apôtre Pierre, l’Eglise des origines et leur conversion à l’accueil des païens dont Corneille est le modèle. Donc, l’histoire de Corneille concerne Pierre et l’Eglise judéo-chrétienne de Jérusalem et sert à expliquer comment il a été possible d’éliminer l’obstacle de l’évangélisation du monde païen, en dépassant la séparation entre les païens et les croyants du judaïsme. Les païens, en effet, étaient considérés comme impurs et ne pouvaient donc pas être admis à la communion de vie avec les croyants. C’est Dieu qui les a rendus purs et les a sanctifiés par effusion de l’Esprit Saint.

L’épisode de Corneille explique aussi les modalités de cette activité évangélisatrice : tout d’abord, la caractérisation positive de Corneille rend impossible tout sens de supériorité de la part des missionnaires ; en outre, le phénomène des répétitions dans le récit favorise une vision de l’évangélisation dans laquelle il faut d’abord partager une expérience : on parle de soi et on écoute ce que les autres ont à raconter.

[1] C’est le gentilice (nom de famille) de la gens, le groupement social de la taille d’un clan.