Jonas
« Lève-toi et va », c’est la consigne que Dieu a donnée à Jonas pour qu’il aille prêcher contre Ninive. Toutefois, Jonas fuit à Jaffa, s’embarque sur un bateau, où il s’endort. Alors le Seigneur provoque une tempête tellement violente que les marins demandent à Jonas de prier Dieu pour que le bateau soit sauvé. Jonas avoue qu’il est le responsable de la tempête et demande aux marins de le jeter à la mer. Mais les marins, qui ne veulent pas sacrifier un homme, commencent à prier Dieu, mais comme ils n’obtiennent pas de résultats, ils jettent Jonas dans la mer. Dieu, alors, fait en sorte qu’un grand poisson avale Jonas, qui, dans le ventre de l’animal, commence à prier. Le poisson vomit Jonas à terre. Dieu lui demande encore de prêcher contre Ninive. Jonas obéit et s’y rend, en annonçant la fin de la ville. Tous les habitants, alors, se repentissent et Dieu pardonne à Ninive. Jonas se fâche contre de Dieu. A la fin du récit, Jonas se repose à l’ombre d’une plante de ricin, que Dieu fera sécher pendant la nuit. Le prophète est tellement fâché contre Dieu pour la mort de la plante… Dieu, alors, conclut : « Tu as pitié du ricin qui ne t’a coûté aucune peine, et moi je n’aurais pas pitié de Ninive » (Jon 4, 10-11).
Jonas est décrit comme le fidèle israélite qui a affaire avec les païens. Il est présenté avec des comportements de fermeture et d’arrogance. Au contraire, les païens, comme les marins et les habitants de Ninive, se comportent comme des modèles de pitié, générosité et d’obéissance à Dieu. Le thème de l’opposition entre la nation d’Israël et les étrangers conduit l’auteur à souligner comme la présomption de la supériorité d’Israël par rapport à la foi doit être bouleversée. Jonas n’obéit pas à la parole de Yahvé, alors que les marins étrangers prient Yahvé et ont peur de lui, comme de véritables fidèles.
S’il fallait décrire l’action de Dieu envers les étrangers, il n’y aurait pas de doute : sa bienveillance s’étend à tous, étrangers et païens. La déception de Jonas n’est pas due à la bienveillance de Dieu, mais au fait qu’elle soit adressée à certains païens, qui n’auraient pas dû faire l’objet de la bonté divine.
Du point de vue narratif, le thème de la bienveillance divine envers les étrangers est mis en évidence par certains aspects ironiques de l’histoire. Par exemple, malgré la tentative d’empêcher l’annonce divine aux païens par sa fuite, Jonas devient instrument de salut pour les marins païens qu’il rencontre sur son chemin.
Concernant le thème de la mission, les Ninivites devraient être exclus de la possibilité de recevoir la grâce divine, parce qu’ils devraient payer les conséquences de leur méchanceté. Mais l’auteur du livre de Jonas démolit cette attitude de fermeture en montrant que Dieu n’exclut personne de son dessin de salut.
Le message de l’auteur est donc clair : personne n’a le droit de juger un peuple en l’excluant du mystérieux plan divin de salut. En outre, le message de salut n’entraîne pas l’inclusion et l’assimilation des peuples aux traditions et aux coutumes du peuple d’Israël : les marins étrangers et les Ninivites seront sauvés tout en gardant leur identité comme distincte de celle d’Israël.