Avec « Erga migrantes », Jean-Paul II signe le texte de référence sur la pastorale des migrants
Pape de 1978 à 2005, Jean-Paul II s’illustre par une défense vigoureuse des droits des migrants et une réflexion approfondie sur la dimension culturelle du phénomène migratoire. Il instaure le principe d’un message pontifical pour chaque journée mondiale et promulgue l’instruction Erga Migrantes.
Une défense vigoureuse des droits fondamentaux des migrants
Jean-Paul II fait de la défense des droits humains un objectif central de son pontificat. Il met en la matière un accent particulier sur la défense des droits des réfugiés se trouvant dans une situation « de véritable exclusion forcée » qui s’apparente à une « mort civile »[1] et sur ceux des travailleurs, notamment les travailleurs irréguliers, les plus précaires et les plus susceptibles d’être discriminés[2]. Dans le cadre du Jubilé de l’an 2000, il plaide pour une régularisation massive de ces derniers.
Jean-Paul II insiste aussi sur la famille. Dans Familiaris Consortio, il plaide pour « que les familles soient le plus tôt possible réunies, qu’elles soient prises en considération dans leur identité culturelle, qu’elles soient traitées à l’égal des autres et que leurs enfants aient la possibilité de bénéficier d’une formation. » Ces droits sont réaffirmés dans la Charte des droits de la famille du 22 octobre 1983[3].
Une réflexion sur la dimension culturelle du phénomène migratoire
Au cours de son pontificat, Jean-Paul II, qui considère les droits culturels comme faisant partie des droits de la personne[4], développe une réflexion approfondie sur la dimension culturelle des migrations. S’il invite les migrants à éviter de former des « ghettos » au motif que cela risquerait de susciter des situations et un sentiment d’insécurité chez les populations autochtones, il appelle aussi à éviter que les migrants soient forcés de se laisser “assimiler” en renonçant à leur identité propre. C’est avec leur héritage propre que les migrants doivent participer au bien commun culturel, spirituel et humain de la société dans laquelle ils doivent s’insérer[5]. S’agissant de l’intégration ecclésiale, celle-ci ne peut être positive que si l’immigré est intégré économiquement, culturellement et socialement de telle sorte qu’il bénéficie des conditions de vie et de progrès dans le respect de ses racines.
Les messages pontificaux pour la journée mondiale et l’instruction Erga Migrantes
A partir de 1986, Jean-Paul II adresse un message à tous les fidèles catholiques à l’occasion de la Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié. Sa série ininterrompue de messages de 1986 à 2005 constitue ainsi une véritable “somme” de sa vision des migrations. Ses successeurs imiteront son exemple.
En 2004, dans un contexte de formation de sociétés de plus en plus pluriculturelles, pluriethniques et pluri-religieuses le Conseil pontifical de la Pastorale des migrants et des personnes itinérantes promulgue l’instruction Erga migrantes caritas Christi. Ce document constitue aujourd’hui encore le document fondamental de la pastorale migratoire.
[1] Allocution prononcée le 16 janvier 1982 devant leurs Excellences les Représentants accrédités auprès du Saint-Siège.
[2] Laborem Exercens 23
[3] L’article 12 de ce document affirme que « les familles des migrants ont droit à la même protection sociale que celle accordée aux autres familles. a) Les familles des migrants ont droit au respect de leur propre culture et au soutien et à l’assistance nécessaires à leur intégration dans la communauté à laquelle elles apportent leur contribution. b) Les travailleurs émigrés ont droit à voir leur famille les rejoindre aussitôt que possible. c) Les réfugiés ont droit à l’assistance des pouvoirs publics et des organisations internationales pour faciliter le regroupement de leur famille ».
[4] Discours à l’ONU du 2 octobre 1979
[5] Discours de Jean-Paul II aux participants du IIe Congrès mondial de la Pastorale de l’émigration, le 17 octobre 1985.