Relire l’expérience migratoire à la lumière de l’Evangile

vie_plageBeaucoup de migrants témoignent d’une expérience de Dieu lors de leur exil ; ils trouvent en Dieu force et appui. D’autres traversent des doutes – comme les disciples d’Emmaüs (Lc 24, 13-35), au milieu des difficultés et, parfois, face au désespoir, leurs yeux ne sont pas toujours capables de Le reconnaître. La relecture dans la foi de l’expérience migratoire permet précisément d’ouvrir les yeux sur la présence et la proximité de Dieu.

Pourquoi permettre une relecture de l’expérience migratoire à la lumière de l’Evangile ?

  • Le chemin de l’exil entraîne beaucoup de changements extérieurs qui ont des répercussions sur la personne. Des questions existentielles peuvent se poser : Comment s’orienter ? Sur qui ou sur quoi compter ? Quel avenir ? Les chemins de la migration sont une occasion pour approfondir sa relation à Dieu. Le Dieu de Jésus Christ n’est pas un Dieu lointain mais un Dieu proche de celui qui souffre et qui est déraciné, un Dieu qui chemine avec son peuple. La prière, les rencontres, les mains tendues peuvent permettre de le révéler.
  • Parfois, certains évènements du parcours migratoire contribuent à alimenter de fausses images de Dieu : On pense qu’Il nous en veut pour telle ou telle chose, que les difficultés sont le signe d’une disgrâce ou encore qu’elles sont une voie de sanctification. La relecture permet de regarder ces approches à la lumière de l’Evangile et de les réajuster, le cas échéant.
  • Enfin, les migrations offrent aux migrants catholiques l’occasion privilégiée, au-delà des particularismes, d’acquérir un sens accru de leur appartenance à l’Église universelle, en créant des espaces de communion dans la diversité et de rencontres avec l’autre. Ceci est valable aussi pour les autochtones qui gagneraient à être associés d’une façon ou d’une autre à la relecture.

Comment relire à la lumière de l’Evangile ?

  • Prendre du temps pour se poser et pour se rappeler le vécu : faire mémoire de ce qui s’est passé et des sentiments éprouvés.
  • Permettre de partager l’expérience avec d’autres, dans un cadre d’écoute, de confiance, de respect.
  • Permettre aux migrants de confronter leur expérience avec les grands textes bibliques montrant la présence de Dieu au côté de son peuple dans l’exil, la fuite, etc. Les psaumes peuvent permettre de trouver des mots pour prier : pour exprimer les doutes, le désarroi, la détresse comme la confiance, la foi et l’action de grâce sur l’œuvre de Dieu.
  • La relecture ne doit pas se cantonner au passé mais doit toujours permettre une ouverture vers l’avenir. En favorisant la prise de conscience de la sollicitude de Dieu, des chemins s’ouvrent.
  • Il est important d’offrir aux migrants l’occasion de témoigner de leur parcours, s’ils le souhaitent. Un tel témoignage peut être une manifestation concrète des fruits qui peuvent naître de cette expérience aride et un encouragement pour d’autres.
  • L’opportunité d’un accompagnement individuel ou d’un partage de groupe doit être jugée au cas par cas. L’accompagnement spirituel ne doit pas se substituer à un éventuel soutien psychologique.
  • La présence d’un prêtre ne sera pas toujours nécessaire ni requise. Selon les cultures, sa présence pourra brider la parole, les personnes se plaçant alors dans la position d’enseignés.
  • Lorsque l’on agit dans le cadre d’une association d’inspiration chrétienne, l’on peut proposer aux migrants identifiés comme chrétiens de célébrer avec nous une messe, de vivre un partage d’évangile.
"Il y a neuf ans, Arlette et sa fille ont rejoint de manière irrégulière leur mari et père, Toussaint, titulaire d’une carte de résident et salarié en France. Pendant 9 ans, au cours desquels ils ont eu deux autres enfants, Arlette et Toussaint ont caché à tous cette situation, y compris leurs proches. Epuisés par cette situation, ils sont venus se confier et demander notre aide. Nous avons alors entrepris une démarche de regroupement familial. En parallèle, nous avons entamé un accompagnement spirituel. Au fil de nos rencontres, ils nous ont partagé leur mal-être devant Dieu : ils avaient le sentiment d’être en situation de péché car Arlette et leur fille aînée étaient entrées irrégulièrement en France, et qu’ils continuaient à cacher cette situation. Patiemment, nous leur avons fait prendre conscience que Dieu les aimait et souffrait avec eux de cette situation dont ils étaient plutôt victimes". Une déléguée à la Pastorale des Migrants

Sur le même thème