Comment promouvoir l’accueil intégral des migrants ?
La spécificité de la Pastorale des Migrants, c’est d’accueillir la personne dans son intégralité, d’honorer aussi bien ses besoins matériels que ses besoins humains ou spirituels, et de l’écouter dans tout ce qui fait sa vie, ses questions, ses doutes, ses souffrances, sa quête de sens, sa foi. C’est ainsi que nous devons vivre l’accueil et c’est cette approche que nous devons promouvoir auprès de nos partenaires.
Comment vivre l’accueil intégral des migrants ?
- Veiller à ne jamais réduire une personne à ses préoccupations matérielles et se souvenir que celles-ci constituent très souvent des “portes d’entrée” vers l’expression de besoins plus “intérieurs”. Répondre à la demande immédiatement peut être le signe d’un refus d’écouter, l’expression d’un rêve personnel d’être utile, d’une peur que la personne aille chercher ailleurs ce que l’on refuserait.
- Laisser du temps au temps, en veillant à inscrire l’accompagnement dans la durée. En effet, seul le temps permet à la confiance de s’instaurer et aux besoins plus profonds de s’exprimer.
- Dans l’accompagnement, ne fermer la porte à aucun sujet, se montrer ouvert à tous les thèmes. Autrement, le risque est que les personnes se censurent dans les problèmes qu’ils veulent aborder.
- Ne pas hésiter à orienter vers d’autres (autres acteurs associatifs, d’autres services d’Eglise, paroisses ou communautés) pour poursuivre ou approfondir le chemin. En même temps, ne pas donner l’impression que l’on se débarrasse de ce ou de celui qui semble nous gêner.
- Veiller toutefois à ne jamais déconnecter l’accompagnement pastoral et spirituel de l’accompagnement matériel ; répondre soi-même à certains besoins matériels sera parfois la clef pour une ouverture.
Comment promouvoir l’accueil intégral des migrants ?
- Dans la collaboration avec les acteurs d’Eglises plus spécifiquement en charge de l’accompagnement pastoral, rappeler sans cesse la nécessité d’une réponse simultanée aux besoins matériels et spirituels.
- Dans la collaboration avec les acteurs associatifs plus spécifiquement en charge de l’aide matérielle, sensibiliser au fait que les demandes matérielles peuvent ouvrir sur autres dimensions de la vie.
- Avec tous nos partenaires, rappeler la nécessité d’impliquer les migrants dans les décisions les concernant, de les responsabiliser, d’œuvrer dans une logique d’empowerment (habiliter/émanciper).
- Dans notre expression publique, toujours veiller à ce que les migrants soient reconnus comme des personnes, porteurs d’une histoire et acteurs de celle-ci. Lorsque cela est possible, les laisser s’exprimer.
« Thérésa et Armel, un couple de jeunes Congolais, se présentent un jour à notre permanence d’accueil. L’urgence de trouver un toit, de la nourriture, occupe notre première rencontre. Revenus la fois suivante, ils commencent à nous dévoiler un peu de leur histoire. Thérésa me semble alors en repli, sur la réserve. Une troisième rencontre me conforte dans l’idée qu’elle a besoin d’une aide particulière. La fois suivante, ayant fait en sorte de me retrouver seule avec elle, je lui demande simplement si cela va. Elle fond alors en larmes, me confiant avoir été violée au pays et ne l’avoir jamais dit à Armel. Cinq rencontres plus tard, après avoir pris le temps de l’écouter et de voir avec elle ce qu’elle souhaitait faire, Thérésa me dit : “J’ai décidé de parler aujourd’hui à Armel”. Et elle me demande de rester ».