Accompagner les migrants à vivre leur foi dans le contexte de la laïcité
En France, les migrants arrivent dans un pays qui a sa propre histoire des rapports entre l’Etat et les religions. Si pour certains, cette relation ressemble à celle qui prévalait au pays, pour d’autres, elle est nouvelle et nécessite certains ajustements dans la manière de vivre sa foi. Ces ajustements peuvent être difficiles à vivre et doivent être accompagnés pour ne pas fragiliser la foi.
Une autre expérience de l’articulation entre religion et société
- Dans certains pays, la foi fait partie intégrante de l’univers social et est reconnue comme constitutive du patrimoine et de l’identité nationale. Son expression est quotidienne et visible dans la société. Généralement, la pratique spirituelle est une démarche collective bien ancrée. Les principales étapes de la vie de foi sont reconnues comme des étapes importantes de la vie nationale.
- Le cas échéant, l’arrivée en France peut générer un choc important. Dans une société laïcisée, parfois défiante vis-à-vis des religions, les migrants doivent apprendre à vivre leur foi de manière plus personnelle et moins ostentatoire. La disparition d’un univers porteur pour la vie de foi peut fragiliser les personnes. Certains peuvent s’en trouver plus vulnérables par rapport à d’autres religions ou aux sectes.
- Cette perception différente du rapport à la société peut être source d’incompréhensions entre chrétiens migrants et chrétiens autochtones. Ainsi, certains chrétiens migrants peuvent-ils s’étonner et même parfois se scandaliser que l’on ne se réfère pas assez à Dieu ou encore que l’on « cache sa foi ». L’absence de référence à Dieu est facilement interprétée de manière négative.
- La manière plus décomplexée des migrants de vivre leur foi et d’en parler peut interroger les croyants autochtones et les encourager à vivre sans peur leur identité de croyant dans le contexte d’une société laïque.
Comment aider les migrants à encaisser le choc de ce nouveau contexte ?
- Dans l’accompagnement, favoriser ce qui va dans le sens d’une appropriation personnelle de la foi. Cela permettra de contrer les effets de la disparition du support social de la foi.
- Effectuer un travail pédagogique sur ce que signifie la laïcité, en ne manquant pas de souligner ses aspects positifs pour le vivre- ensemble dans la diversité des convictions religieuses.
- Insister sur l’importance de la liberté religieuse.
- Créer des occasions d’échanges entre chrétiens autochtones et chrétiens migrants. Les premiers ont vécu en l’espace de cinquante ans une expérience de déchristianisation de la société que les migrants vivent presque d’un seul coup !
- Toutefois, il faut veiller à ce qu’un rapprochement entre chrétiens migrants et autochtones ne se fasse pas en opposition, ou tout du moins dans la fermeture, à la réalité sociale française.
- Dans la mesure du possible, valoriser auprès des chrétiens autochtones ce qui est bon chez les chrétiens migrants, notamment une forme de naturel dans l’expression et le témoignage de leur foi.