Comment promouvoir la participation des migrants à la vie sociale et publique ?

Mgr Didier Berthet, évêque de Saint-Dié, venu soutenir l'équipe diocésaine pour la campagne du denier de l’Église.

Pour la campagne du denier de l’Église, Mgr Didier Berthet, évêque de Saint-Dié, soutient l’équipe diocésaine composée d’une femme et d’hommes – prêtres et diacres, laïcs et migrants.

Les migrants qui arrivent en France sont appelés à contribuer à la vie sociale et publique de notre société.

Tous les habitants de notre pays sont en effet invités à participer activement à la gestion des affaires communes, notamment au niveau local : participation aux associations, initiatives culturelles et sportives, implication des parents dans les écoles, collèges et lycées, organismes de locataires, etc.

Tous peuvent apporter une contribution à l’ensemble de la société, tous ont une particularité qui peut servir pour vivre ensemble, personne n’est exclu en vue d’apporter quelque chose pour le bien de tous. C’est à la fois un droit et un devoir.

Discours du Pape François aux participants au congrès organisé à l’occasion du 50e anniversaire de l’encyclique « Populorum Progressio » (4 avril 2017)

Un certain nombre de migrants souhaitent fortement pouvoir contribuer à la vie en France et apporter leurs compétences. D’autres ont plus de mal à se retrouver dans une vie sociale différente de leur pays d’origine.

La mission d’accueil de la pastorale nécessite donc aussi que l’on accompagne les migrants vers une participation active à la vie sociale et politique.

Permettre de devenir acteur

  • Orienter les migrants vers des associations : Les nouveaux arrivants n’ont souvent pas le droit d’exercer un emploi rémunéré ou n’ont pas encore trouvé un travail. S’engager bénévolement dans une association leur offre un lieu où ils peuvent donner de leur temps de façon utile. Certains ont été aidés par des associations et désirent aider, à leur tour, d’autres personnes dans le besoin.
  • Pour les migrants installés durablement, le monde associatif peut être un ancrage dans un quartier, dans une communauté. Pour les autochtones, cela manifeste concrètement l’action bénéfique des migrants et désarme la concurrence entre publics fragiles.
  • Des initiatives culturelles et sportives permettent aux migrants de mettre en valeur leurs talents et d’en faire profiter les autres. A travers des activités concrètes (sport, musique, chant, etc.), l’obstacle de la langue peut être plus facilement franchi.
  • Un premier engagement facilitera l’élargissement de leur réseau relationnel et leur familiarisation avec le contexte français. Ils pourront acquérir des connaissances et des compétences dans l’optique de décrocher un emploi. L’apprentissage de la langue française et son perfectionnement joueront un rôle clé.
  • Une façon privilégiée d’apporter sa contribution à la vie sociale passe par le travail professionnel : l’accès à l’emploi est alors central. Soutenir les personnes dans leur recherche d’emploi s’avère être une aide précieuse : accompagnement dans les démarches de  candidature, médiation pour obtenir des stages professionnels, conseils pour trouver une formation professionnelle, mise en lien avec des employeurs, etc.

Former les migrants à leurs droits et devoirs

  • Participer à la vie sociale, c’est être reconnu par les autres comme membre d’une communauté et se reconnaître soi-même membre de cette communauté. Ce double mouvement se traduit à la fois par les droits que l’on se voit octroyés et par les devoirs que l’on assume.
  • Il est important de permettre aux migrants de connaître leurs droits et leurs devoirs. Ainsi, l’on peut organiser des rencontres ou sorties au cours desquelles seront abordés ces droits et devoirs . Les cours de français sont également un tremplin pour ouvrir les personnes à la réalité de leur pays d’accueil. Les bibliothèques municipales disposent de nombreuses ressources pour l’éducation civique qui faciliteront l’animation de ces temps de formation.

Droit de vote et citoyenneté

  • En France, contrairement à certaines démocraties (scandinaves, par exemple), le lien entre citoyenneté, droit de vote et nationalité est fort. En principe, le droit de vote est réservé aux seuls ressortissants nationaux.
  • Toutefois, avec le traité de Maastricht (1992) – traité fondateur de l’Union européenne – ce lien entre citoyenneté et nationalité a commencé à dépasser la corrélation entre droit de vote et nationalité. Ainsi, celui-ci prévoit que les ressortissants d’un État membre de l’Union européenne résidant dans un autre État de l’Union que le leur peuvent participer aux élections municipales et européennes et s’y faire élire. Il s’agit là d’un élément symbolique fort et il convient de soutenir les migrants à faire usage de ce droit.
  • Tous les étrangers, qu’ils soient d’origine communautaire ou non, ont le droit de vote aux élections professionnelles et universitaires. Ce droit n’est pas à négliger et il est légitime de les encourager à faire entendre leur voix lors de ces scrutions importants pour la vie de la communauté.

Il est important de considérer les migrants non seulement en fonction de la régularité ou de l’irrégularité de leur condition, mais surtout comme des personnes qui, une fois leur dignité assurée, peuvent contribuer au bien-être et au progrès de tous, en particulier lorsqu’ils assument la responsabilité de leurs devoirs envers ceux qui les accueillent, en respectant de façon reconnaissante le patrimoine matériel et spirituel du pays hôte, en obéissant à ses lois et en contribuant à ses charges.

Pape François, Message pour la Journée mondiale du migrant et du réfugié 2016

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