Le rapport au texte biblique
Bien que membres de la même Eglise et professant une même foi, le rapport que nous entretenons au texte biblique peut varier. Une fois en France, cette différence peut être source de difficultés pour les migrants et nécessiter un accompagnement spécifique pour que la foi, si importante dans un moment de fort bouleversement, ne soit pas elle-même atteinte.
Une manière différente de concevoir la relation à Dieu
- Dans certaines cultures, le texte biblique est moins interrogé. Sa lecture est plus littérale. Il arrive que ce phénomène soit renforcé par l’influence des sectes à l’approche bien plus fondamentaliste. Parfois encore, le texte biblique est perçu comme révélant un secret. Le cas échéant, cela rejaillit sur la relation au prêtre qui est vu comme « celui qui sait », le détenteur du savoir et donc d’un pouvoir.
- Derrière ces façons de concevoir le rapport au texte, c’est le rapport à l’histoire et la contextualisation des textes sacrés qui rentre en jeu. En dernier ressort, c’est l’image de Dieu qui pose question. Plus que l’image d’un Dieu qui fait chemin avec son peuple au cours de l’histoire et qui s’est fait chair en Jésus Christ, c’est celle d’un Dieu immuable et parfois lointain qui prévaut. Toute la vie de foi est imprégnée de cette vision, celle-ci étant davantage perçue comme le respect d’un corpus de règles assurant une vie bonne que comme une relation personnelle à Dieu, source de liberté.
- Une fois en France, cette manière de se positionner par rapport au texte peut être source de difficultés pour les migrants. Devant une lecture critique des textes, c’est tout un univers réconfortant par sa relative simplicité qui semble s’effondrer. Dans l’expérience déstabilisante de la migration, c’est un appui de poids qui peut alors manquer. Parfois, les migrants peuvent alors être tentés par les sectes.
- Cette façon de se positionner par rapport au texte influe sur les relations intergénérationnelles. Elevés dans l’Eglise qui est en France et dans une société dans laquelle l’autorité ne va plus de soi et se trouve globalement défiée, les enfants ne se contentent pas des réponses « toutes faites“ de leurs parents, lesquels se sentent désarmés face aux interrogations, et parfois honteux.
- La différence de rapport au texte est également parfois positive. Ainsi, la culture d’origine d’un bon nombre de migrants peut les aider à rencontrer plus directement l’écriture. Pour beaucoup de personnes issues des pays du Sud, surtout ceux des zones rurales, les récits bibliques ont une proximité concrète avec leurs modes de vies traditionnels.
Aider les migrants à surmonter ce choc
- L’accompagnement devra permettre aux migrants d’approfondir leur foi et de répondre collectivement aux questions nouvelles qui peuvent émerger à leur arrivée en France. Il est essentiel qu’ils puissent partager leurs interrogations avec des personnes qui vivent la même réalité. En effet, une certaine honte du fait de ce qu’ils ressentent comme un handicap peut brider la parole.
- Dans l’accompagnement des migrants, il est important de leur permettre de confronter leur image de Dieu au visage du Père que Jésus nous révèle par sa vie. Nous sommes les fils de ce Père, tel que nous le révèle Jésus, un Père qui aime et qui se donne. La contemplation évangélique peut être source d’une transformation spirituelle personnelle.
- Toute action visant à aider les migrants à avancer dans leur accueil du texte biblique doit être accompagnée, dans la mesure du possible, d’une valorisation de ce que chacun, dans sa culture, peut apporter comme éclairage du texte. Cela nécessite un travail de repérage de ce que les migrants peuvent nous dire puis de mise en commun dans l’échange avec des chrétiens autochtones.