L’apport culturel des migrants en France est le sujet de vifs débats. Doivent-ils maintenir un lien avec leurs cultures d’origine ? L’espace public doit-il évoluer pour refléter les nouvelles diversités au sein de la société ? Comment s’apparenter à l’identité française et aux codes culturels français lorsque l’on n’est pas né en France ou lorsque l’on garde un attachement affectif à la culture de ses parents ?
Entre l’assimilation et le communautarisme, l’Eglise prône l’intégration : « Dans nos sociétés touchées par le phénomène global de la migration, il est nécessaire de chercher un juste équilibre entre le respect de sa propre identité et la reconnaissance de celle d’autrui. Il est en effet nécessaire de reconnaître la légitime pluralité des cultures présentes dans un pays, sauvegardant la protection de l’ordre dont dépend la paix sociale et la liberté des citoyens. On doit en effet exclure aussi bien les modèles fondés sur l’assimilation, qui tendent à faire de celui qui est différent une copie de soi-même, que les modèles de marginalisation des immigrés» (Jean Paul II, Message pour la Journée mondiale du migrant et du réfugié 2005).
L’Eglise reconnaît que l’identité d’une personne est intimement liée à son origine et sa culture. Exiger l’assimilation et par conséquence prohiber la manifestation de toute différence culturelle dans le vivre-ensemble, pousse les personnes à renier les racines de leur identité, ce qui nuit fortement à leur identité personnelle. Ainsi l’Eglise reconnaît aux migrants et à leurs descendants le droit de garder leurs spécificités culturelles dans la société d’accueil. « L’intégration n’est pas « une assimilation, qui conduit à supprimer ou à oublier sa propre identité culturelle. Le contact avec l’autre amène plutôt à en découvrir le ‘‘secret’’, à s’ouvrir à lui pour en accueillir les aspects valables et contribuer ainsi à une plus grande connaissance de chacun. « . » (Pape François, Message pour la Journée mondiale du migrant et du réfugié 2018, citant le message de Jean Paul II pour la JMMR 2005)
L’intégration suppose un vrai respect pour les différences de l’autre ; pour autant, elle ne signifie pas que toutes ces différences soient acceptables. Un discernement est à opérer entre les valeurs qui fondent la cohésion de la société française et celles qui s’y opposent.
Si le chemin d’intégration concerne tout d’abord les personnes qui arrivent, le pape François rappelle que les autochtones sont également concernés : « L’intégration, qui n’est ni assimilation ni incorporation, est un processus bidirectionnel, qui se fonde essentiellement sur la reconnaissance mutuelle de la richesse culturelle de l’autre: ce n’est pas l’aplatissement d’une culture sur l’autre, ni un isolement réciproque, avec le risque de «ghettoïsations» aussi néfastes que dangereuses. […] Celui qui arrive […] est tenu de ne pas se fermer à la culture et aux traditions du pays d’accueil, en respectant avant tout ses lois. » (Discours du pape François aux participants au Forum international « Migrations et paix », 21 février 2017).
Au sein de l’Eglise, le chemin d’intégration prend une connotation particulière, permettant à l’Eglise d’accueil de refléter davantage la catholicité de l’Eglise: « Pour la communauté chrétienne, ensuite, l’intégration pacifique de personnes de cultures différentes est, en quelque sorte, également un reflet de sa catholicité, étant donné que l’unité, qui n’annule pas les différences ethniques et culturelles, constitue une dimension de la vie de l’Eglise qui, dans l’Esprit de la Pentecôte, est ouverte à tous et désire embrasser chacun. » (Discours du pape François aux participants au Forum international « Migrations et paix », 21 février 2017)