Lutter contre le repli identitaire dans l’Eglise

Une nouvelle église aux mille couleurs à Montigny-lès-Cormeilles, dans le diocèse de Créteil.

A Montigny-lès-Cormeilles, une nouvelle église aux mille couleurs, à l’image des fidèles du diocèse de Créteil.

L’Eglise plaide en faveur de l’enracinement social et culturel. Elle ne s’identifie à aucune culture en particulier. Au contraire, elle affiche un objectif de « communion dans la diversité ». Ainsi, l’on pourrait la croire immunisée contre toute accusation de « communautarisme ». Pour autant, ce n’est pas le cas, et, pour lutter contre, il importe de bien discerner les signes qui peuvent révéler un repli identitaire.

L’Eglise, une « communion dans la diversité »

  • Dans l’Eglise, il n’y a pas de « préséance culturelle ». Chaque culture témoigne d’une manière particulière du message évangélique en mettant en lumière, par les valeurs dont elle est porteuse et qui pour certaines lui sont propres, tel ou tel aspect du message évangélique.
  • Tout en rentrant en dialogue avec l’Eglise et la culture locale, les migrants ont le droit de voir défendue par les agents pastoraux leur identité ethnique, culturelle et rituelle. Toute action pastorale efficace est impensable sans respect et même valorisation du patrimoine culturel des migrants.
  • S’il est bon de souligner la nécessité d’une pastorale spécifique, dictée par la culture du destinataire, il est important de rappeler qu’une telle pastorale spécifique nécessite l’ouverture à un environnement nouveau et un effort d’intégration, jusqu’à arriver à une participation pleine et entière à la vie diocésaine.

Quelques signes pouvant révéler un repli identitaire

  • S’il est légitime  de chercher, dans un premier temps, à aller vers les siens et à s’entraider, notamment pour la première génération, il en va différemment pour une insertion dans la durée. Lorsqu’on reste pendant des années, voire des décennies, exclusivement dans le giron de sa communauté culturelle d’origine, sans s’ouvrir à l’Eglise locale, on peut craindre le repli.
  • Lorsque les chrétiens migrants manifestent un désir de voir la liturgie liée trop étroitement à leur univers culturel d’origine, il peut y avoir la trace d’un repli identitaire. En effet, même pour les chrétiens autochtones, la liturgie ne prétend pas réduire totalement l’écart avec l’univers quotidien.
  • Les signes d’un repli identitaire peuvent aussi se manifester chez les chrétiens autochtones, par exemple lorsque ceux-ci ne parviennent pas à accueillir les expressions culturelles de leurs frères et sœurs migrants, autrement qu’à des moments bien déterminés et limités, sous une forme folklorique.

Comment favoriser l’ouverture ?

  • Eviter de confondre « vie communautaire » et « communautarisme ». Si le « communautarisme » divise et mène à l’exclusion de l’autre, la « vie communautaire » permet des formes de solidarité et de partage ouvertes à d’autres.
  • Le repli communautaire est parfois la réponse que l’individu ou le groupe apporte à une situation d’isolement. Pour éviter que cela soit le cas, l’Eglise locale, paroisse ou mouvement, doit apporter un soin tout particulier à l’accueil et à la lutte contre l’anonymat qui existe parfois dans les paroisses.
  • Si les nouveaux venus se sentent indésirables lorsqu’ils approchent une communauté paroissiale, ils peuvent avoir tendance à s’enfermer dans leur communauté d’origine. Aussi importe-t-il de leur donner des gages de prise en compte dans la pastorale ordinaire, dans les structures décisionnelles, etc.

Je ne suis pas venu pour protéger l’italianité des Italiens, mais pour qu’ils soient chrétiens et vivent leur foi dans cette société.

Aumônerie des Italiens, communauté de Grenoble

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