« Faut-il se taire pour annoncer le Christ ? »
Véronick Beaulieu poursuit sa recherche « A la suite des Actes des Apôtres ». Avec cette question « Faut-il se taire pour annoncer le Christ ? », elle nous emmène auprès des Chrétiens et migrants à Calais.
Depuis des décennies, Calais est le théâtre de tragiques drames humains quand les exilés meurent en mer en ayant tenté de rejoindre l’Angleterre. Mais la ville rayonne aussi de l’engagement des nombreux chrétiens qui leur prêtent secours. « S’il y a ici beaucoup de crucifixions, il y a aussi beaucoup de résurrections », confesse Dries, engagé dans l’association Maison Maria Skobtsova. Lors d’une marche solennelle, toutes les associations unies de la ville défilent pour faire mémoire des 347 exilés morts à la frontière de la France et de la Grande-Bretagne depuis 1999 et énumèrent leurs noms gravés sur des planchettes de bois pour leur redonner leur dignité perdue.
Chacun, investi à la mesure de ses talents et de ses possibilités, se mobilise au nom de sa foi parce que le prochain, selon l’Evangile, n’est pas différent de nous. Grève de la faim, préparation et distribution des repas, accueil : une aide matérielle qui apporte aussi soutien moral et spirituel aux migrants régulièrement chassés de leurs camps de fortune. La solidarité de ces bénévoles interroge la place qu’occupe réellement la fraternité affichée au fronton de la devise républicaine. En trente ans, les politiques n’ont pas trouvé de solution à la question migratoire et laissent les exilés dans la misère. Pourtant, eux ne perdent pas espoir, leur devise. « Avec leurs bâches déchirées, ils résistent. Ils ont la liberté chevillée au corps et une détermination que rien n’arrêtera. » Si les bénévoles donnent, ils témoignent recevoir aussi. « Ces gaillards m’ont transformé, » dit Jacques. Patricia a découvert dans la Maison Maria Skobtsova qui accueille des exilés « combien chaque être humain est une demeure pour Dieu » et que c’est là, avec eux, qu’elle a connu la joie évangélique.
A Calais, Véronick Beaulieu a posé sa caméra. A la rencontre de ces croyants qui privilégient l’action pour annoncer le Christ, elle aussi s’est laissée transformer.
Associations représentées dans le film aux côtés de Pierre, le curé de Calais, de Philippe, le jésuite gréviste de la faim avec Ludovic, le graveur, Robert, le pasteur de Saint-Omer, Jean-Yves, le pasteur évangélique, mais aussi de Michèle, de Aude, Iseult, Jacques, Olivier, José : Secours catholique du Pas-de-Calais, association Salam, Maison Maria Skobtsova, association Bethlehem à Saint-Omer, l’Eglise des 2 caps.