« A nos frères et sœurs d’Amour » par Ida
Native de République Démocratique du Congo, Ida a travaillé quatre ans à Emmaüs pour avoir un titre de séjour. Elle a lu ce texte après l’homélie d’une messe à Rodez pour la JMMR. Il fait écho à Luc 16, 19-31, l’évangile lu ce dimanche-là.
Ils sont nombreux les femmes, les hommes, les jeunes et les enfants à quitter leurs pays, leurs familles, leurs champs, leurs habitudes pour partir.
Partir parce que la guerre s’est installée chez eux. Les effets de la dictature ont déchiré le tissu économique de leurs pays. Ils sont partis parce que la calamité naturelle a frappé leur village.
Soudain, ils sont devenus un problème, une catastrophe. Pour les uns, ils font peur. Ils gênent comme Lazare : certaines personnes ne veulent plus les voir mendier devant leur porte.
Ils ont perdu leur nom : on les appelle des migrants. Mais notre terre n’aurait pas une figure rayonnante si elle n’était habitée que par ce riche qui ne voulait plus voir le mendiant Lazare devant sa porte.
Sur le chemin des migrants, nous avons fait des rencontres.
Des rencontres de personnes aux mille sourires, des personnes au cœur rempli d’étincelles d’amour. C’est à elles aussi que cette journée est dédiée.
Ils sont là à chaque fois que nous avons besoin d’eux, ils nous écoutent, ils nous regardent et nous aiment.
Quand le poids du voyage devient insupportable, leur regard devient notre assurance. Ils nous appellent par nos noms ou par nos prénoms, quand ils trouvent que nos noms sont difficiles à prononcer.
Ce sont nos frères, nos sœurs, nos parents et nos grands-parents.
Nous avons perdu nos familles mais sur notre route, nous en avons retrouvé d’autres, nos frères et sœurs d’Amour.
Ida