UNHCR: Après les attentats à Paris, les réfugiés ne doivent pas devenir des boucs émissaires
Ceci est un résumé des déclarations du porte-parole du HCR Melissa Fleming – à qui toute citation peut être attribuée – lors de la conférence de presse du 17 novembre 2015 au Palais des Nations à Genève.
Le HCR exprime sa vive émotion et son indignation après les attentats à Paris et le meurtre d’un si grand nombre d’innocents. Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés António Guterres a fait part de sa solidarité à l’égard du Gouvernement et du peuple de France, comme il l’avait également fait auprès du Gouvernement libanais à la suite des récents attentats meurtriers à Beyrouth.
L’écrasante majorité des personnes qui rejoignent l’Europe fuient la persécution ou les dangers des conflits et n’ont pas d’autre alternative dans leur quête de sécurité. Des situations précaires dans des pays de premier asile conduisent également beaucoup d’entre elles à partir en Europe.
Beaucoup fuient l’extrémisme et le terrorisme, perpétrés par ceux-là même qui sont responsables des attentats de Paris.
Le HCR est profondément préoccupé par des informations encore non confirmées selon lesquelles l’un des assaillants à Paris serait entré parmi ceux qui arrivent massivement en Europe. Nous sommes persuadés de l’importance de préserver l’intégrité du système de l’asile. L’asile et le terrorisme ne sont pas compatibles. La Convention de 1951 relative au statut des réfugiés l’énonce précisément et exclut explicitement de son champ d’application les personnes ayant commis des crimes graves.
Depuis le début de l’afflux massif en Europe, nous exhortons les États à mettre en place un dispositif efficace pour la réception, l’enregistrement et le tri dès l’arrivée des réfugiés et migrants. La protection doit être assurée aux personnes ayant obtenu le statut de réfugié. Les demandeurs d’asile remplissant les conditions pour être reconnus réfugiés devraient être relocalisés vers d’autres pays dans le cadre du programme de l’Union européenne.
La relocalisation et les autres mesures décidées par les pays de l’UE peuvent améliorer la gestion et la stabilisation de l’afflux survenant actuellement. Ces mesures comprennent des dispositifs de sécurité appropriés et l’enregistrement en bonne et due forme de toutes les personnes qui se déplacent au sein de ces mouvements.
Nous sommes préoccupés par les réactions de certains Etats qui envisageraient de mettre fin aux programmes actuellement mis en œuvre et de se soustraire aux engagements pris pour gérer la crise des réfugiés (concernant les transferts dans d’autres pays) ou qui proposent la construction de nouvelles barrières. Par ailleurs, nous sommes vivement inquiets au sujet des messages diabolisant les réfugiés en tant que groupe. Ces messages sont dangereux car ils vont contribuer à la xénophobie et à la peur. Les problèmes de sécurité auxquels l’Europe est confrontée sont d’une grande complexité. Les réfugiés ne doivent devenir ni des boucs émissaires ni les victimes collatérales de ces événements tragiques.
Il faut également augmenter d’urgence et significativement les voies légales pour accéder en Europe, notamment au travers de programmes de réinstallation et d’admission pour motifs humanitaires, comme alternatives aux voyages périlleux et irréguliers, tout en menant des opérations de répression contre les passeurs.
La sécurité de nos sociétés et la sauvegarde de l’intégrité de l’asile en Europe ne sont pas des objectifs incompatibles. Ils sont essentiels pour le maintien des valeurs fondamentales de l’Europe et protéger le droit d’asile. »
Source: Site de l’UNHCR