Père Andrien Taha : « Par nature, nous sommes tous migrants »

Originaire du diocèse de Man, en Côte d’Ivoire, le Père Andrien Taha est arrivé en France le 10 septembre 2011. Nommé prêtre accompagnateur de l’équipe de la Pastorale des Migrants pour le diocèse de Laval, il partage les fruits de sa mission avant de retourner au pays, fin juin 2017.

Comment votre arrivée s’est-elle passée ? A Laval, l’accueil a été très chaleureux de la part de Mgr Thierry Scherrer et de son conseil mais aussi des fidèles. Quand je suis arrivé dans le diocèse, l’évêque m’a chargé d’être prêtre accompagnateur de l’équipe diocésaine de la Pastorale des Migrants. Ce que j’ai fait, de janvier 2012 à aujourd’hui.

Comment avez-vous vécu d’être migrant vous-même ?Je connaissais un peu la France. J’ai fait mon « Grand Séminaire » en Espagne. Cela m’a permis de passer quelques jours à Paris et dans la région de Perpignan. J’ai rencontré des Ivoiriens qui ont pris leur retraite ici. Ils sont bien intégrés dans culture française mais ils veulent vivre leur foi un peu autrement. Ce n’est pas la même ouverture que chez moi, en Côte d’Ivoire. Cela prend un peu de temps. Mais l’amitié est là. Cette expérience m’a servi pour la Pastorale des Migrants. C’est un univers très riche. La Pastorale des Migrants fait partie de la vie de l’Eglise tout entière aujourd’hui.

Serez-vous attentif à la vie des migrants dans votre propre pays ?Je pense que le prêtre doit se sentir dans la peau du migrant. Si notre foi nous permet de nous identifier à Abraham, qui était un immigré, alors par nature, nous sommes tous migrants. Dans mon pays, l’hospitalité est très importante. L’hymne national [« L’Abidjanaise », ndlr], l’appelle « Pays de l’hospitalité ». En tant que prêtre, je veux y mettre d’autant plus l’accent.

Que retenez-vous de cette expérience en France ? J’ai fait le bilan avec le vicaire général. Ca s’est très bien passé. On peut toujours améliorer les choses. J’ai appris beaucoup de choses qui pourront être utiles de retour en Côte d’Ivoire : l’organisation et le fonctionnement de l’Eglise sur les plans matériels, catéchétiques, pour vivre la liturgie, la vie chrétienne, pour une foi vivante et « contagieuse », je dirais. C’est un apport pour les paroisses de chez nous. Pour qu’un nouveau prêtre fidei donum arrive en confiance, je crois que, dans un premier temps, l’accueil est très important. Il faut éviter les préjugés de part et d’autre.

Comment envisagez-vous votre retour en Côte d’Ivoire ? Je n’appréhende pas du tout. Je suis retourné en Côte d’Ivoire régulièrement. J’ai vécu, étudié et travaillé là -bas. Je suis issu d’un diocèse semi-rural. C’est une réalité que je n’ignore pas. Disons que « le tronc d’arbre dans l’eau ne se transforme jamais en caïman ». Ce n’est pas parce que j’ai passé plusieurs années en France que je suis devenu quelqu’un qui n’a plus rien à voir avec la réalité de la mission dans mon pays. Je ne me sens pas déconnecté.

Les prêtres venus d’ailleurs sont-ils bien placés pour souligner le côté universel de l’Eglise ? Quel regard portez-vous sur les échanges de prêtres entre l’Europe et l’Afrique ? Lire la suite de l’interview du Père Taha sur le site de la Mission universelle de l’Eglise.

Aller plus loin : La longue histoire des premiers missionnaires en Côte d’Ivoire.
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