Un an après l’appel du pape François, quel bilan dans les diocèses ?
Un an après l’appel du pape François pour que « chaque paroisse, chaque communauté religieuse, chaque monastère, chaque sanctuaire d’Europe » accueille des personnes migrantes, le SNPMPI a mené une enquête auprès des diocèses pour faire l’état des lieux de l’accueil chez les catholiques en France.
Nous présentons ici une synthèse des premiers résultats de cette enquête.
Cette synthèse est basée sur les réponses de 43 diocèses (sur les 93 que compte la France métropolitaine), soit un peu moins de la moitié. Les réponses des autres diocèses sont encore en attente, ce qui laisse augurer des chiffres bien plus importants que ceux rapportés ici. Si cette synthèse ne constitue donc pas une vue exhaustive, elle met néanmoins en lumière les grandes tendances et permet pour la première fois d’avoir des chiffres concrets de la part des diocèses.
A noter aussi que les réponses qui nous sont parvenues jusqu’à présent proviennent de diocèses typologiquement très variés.
L’accueil des migrants dans les diocèses en France
L’engagement de l’Eglise catholique auprès des migrants et réfugiés ne date pas d’hier. L’appel du pape François en septembre 2015 lui a donné un nouvel élan et une nouvelle ampleur, avec une mobilisation effective dans la majorité des diocèses de France métropolitaine.
La quasi-totalité des diocèses ayant répondu à l’enquête est engagée dans l’accueil, soit 39 sur 43 (ceux ayant répondu ne pas être engagés ont toutefois des initiatives ponctuelles dans lesquelles des catholiques sont engagés). Cet engagement concerne aussi bien l’hébergement (38 diocèses) que l’accompagnement (39 diocèses). On constate une forte mobilisation non seulement des paroisses (37 diocèses) mais aussi des associations catholiques (35 diocèses) ; le plus souvent, l’accueil s’articule dans une collaboration et en complémentarité entre paroisses et associations mais aussi avec d’autres acteurs de la société civile et les pouvoirs publics.
Dans 19 diocèses, une coordination diocésaine a été mise en place pour faciliter et coordonner l’accueil : le plus souvent une équipe (cellule, commission, comité), très rarement une personne nommée à cet effet.
L’engagement pour l’hébergement des migrants
Beaucoup de diocèses ont mis en place des initiatives d’hébergement pour les migrants (38 diocèses sur 43). Selon les réalités diocésaines, elles sont portées par des paroisses (plus de 351 impliquées dans 31 diocèses), mais également par des associations catholiques, notamment le Secours Catholique (en 28 diocèses) ou encore le Réseau Welcome (Service Jésuite des Réfugiés).
- Plus de 2114 migrants ont été ainsi hébergés par les diocèses.
L’hébergement se réalise le plus souvent dans de bâtiments appartenant à des particuliers (33 diocèses), des bâtiments paroissiaux (24 diocèses) ou de congrégations religieuses (21 diocèses). Dans 19 diocèses, des bâtiments appartenant au diocèse sont utilisés.
La grande majorité des diocèses engagés réalise les initiatives d’hébergement en collaboration avec les pouvoirs publics – mairies/préfectures – (34 diocèses) ainsi qu’avec d’autres acteurs de la société civile (30 diocèses).
L’engagement pour l’accompagnement des migrants
Tous les diocèses mobilisés proposent un accompagnement pour les migrants, notamment à travers des rencontres conviviales (36 diocèses), des cours de français (36 diocèses), des aides administratives (33 diocèses), des propositions spirituelles (36 diocèses). Dans une moindre mesure l’accompagnement concerne la scolarisation et la formation, l’accès à l’emploi, la santé, ou encore la mobilité ou l’aménagement des habitations.
Ces initiatives d’accompagnement sont portées davantage par les associations catholiques (32 diocèses) que par les paroisses (22 diocèses, plus de 363 paroisses sans compter l’engagement de nombreux chrétiens dans des associations non-confessionnelles (non chiffrés). Presque partout on observe une étroite collaboration avec d’autres associations et les pouvoirs publics pour accompagner les migrants.
- Plus de 2300 migrants sont ainsi accompagnés dans les diocèses.
Le profil des migrants accueillis
Si plusieurs diocèses évoquent des initiatives pour les Chrétiens d’Orient, la grande majorité accueille des migrants chrétiens comme non-chrétiens.
Si 19 diocèses signalent l’accueil des réfugiés d’Iraq et de Syrie, des migrants d’autre provenance sont également accueillis.
De même, outre des réfugiés, sont également accueillis des demandeurs d’asile ou des personnes déboutées du droit d’asile.
Certains d’entre eux sont arrivés en France par le biais de programmes spécifiques : programme européen de relocalisation – migrants arrivés en Grèce et Italie (10 diocèses signalent leur présence) ou programmes de réinstallation : migrants arrivés directement du Liban de la Turquie (dans 8 diocèses).
A noter, une forte présence de migrants en provenance des Centres d’Orientation et d’Accueil en France (très souvent des migrants en provenance de Calais ou des camps évacués de Paris, provisoirement accueillis en CAO) : 17 diocèses signalent leur présence.