Etude « Accueil, besoins & espoirs des MNA »

« Vers Le Haut » publie une enquête menée en France, en Italie et en Espagne, par l’Observatoire des Jeunes et des Familles d’Apprentis d’Auteuil. Le think tank défend l’idée que l’éducation fait partie de la réponse que nous devons apporter collectivement aux défis migratoires.

En France, le nombre de jeunes migrants de moins de 18 ans non accompagnés (MNA) s’élevait à 13.000 au 31 décembre 2016. Apprentis d’Auteuil accueille environ 10 % des jeunes mineurs non accompagnés en France, soit un peu plus de 1.000 jeunes. On estime qu’ils seront 25.000 à la fin de l’année. Dans l’Union Européenne, en 2016, ils étaient près de 63.000 demandeurs d’asile à être considérés comme mineurs non accompagnés.

« En apprenant notre langue, en découvrant notre culture, en se formant à un métier, ils pourront mieux s’intégrer dans la société française et y apporter leur contribution, ou bien contribuer au développement de leur pays d’origine » plaide « Vers Le Haut ». Trop cher ? « L’échec de l’intégration coûte encore plus cher. Financièrement et humainement » répond-on.

L’enquête se compose de quatre parties (« Le parcours du pays d’origine jusqu’en Europe », « Accueil en Europe & temps d’adaptation », « Formation, relation & mode de vie » et enfin, « Aspirations & projections dans l’avenir »). Elle est complétée par des propositions pour l’accueil des MNA en Europe.

« Maintenant, je veux être français. Parce qu’on est ici et maintenant »

Sur chacun des points abordés, les jeunes rencontrés sont largement cités : « Ma famille était prévenue mais elle n’était pas d’accord ; ça serait trop difficile pour moi mais j’ai insisté et au final ils m’ont laissé partir » raconte un jeune en Italie sur les raisons de son départ. « Je suis rentré dans un camion (au Maroc) qui partait en Italie avec un ferry. Il s’est arrêté en Espagne, je suis descendu du camion, je ne me suis pas fait attraper » dit un autre interviewé en France, commentant son voyage. « Quand je suis arrivé à Toulouse, j’ai appelé une dame camerounaise dont j’avais eu le numéro qui devait s’occuper de moi, m’héberger … Et finalement au téléphone elle m’a dit qu’elle ne pouvait pas ! » explique un migrant sur son parcours en France.

Les enquêteurs alertent sur le fait que les jeunes ne se présentent pas systématiquement aux services de l’Aide sociale à l’enfance (ASE). Au contraire, le rapport pointe qu’une partie des jeunes interrogés « s’est retrouvée seule et livrée à elle-même sur le territoire français, avant d’être prise en charge par l’ASE. Cela concerne aussi bien les jeunes ayant des connaissances en France que les autres sans attaches sur le territoire ».

Une représentation sublimée de ce qui les attendait en France

La deuxième partie de l’enquête focalise notamment sur le ressenti vis-à-vis de l’Europe. L’introduction parle d’elle-même : « Globalement, cette représentation était le résultat d’un discours véhiculé par les membres de la diaspora revenant régulièrement au pays et/ou les médias (télévision, internet). De manière générale, les jeunes sont déçus par la réalité qu’ils découvrent bien plus dure que celle véhiculée par les membres de la diaspora ». « J’estime que l’Europe ne mérite pas les risques que j’ai pris » a ainsi pu reconnaître un jeune. En Italie, certains jeunes essaient même d’en dissuader d’autres d’entreprendre le voyage.

Le rapport souligne le dilemme auquel sont confrontés les jeunes : « D’une part la dureté du quotidien les incite à rentrer dans leur pays et d’autre part la peur de décevoir les attentes de leur famille leur interdit de le faire ».

De « Formation, relation & mode de vie », retenons que le niveau scolaire des jeunes arrivés en France est « assez faible (la majorité n’a pas atteint la classe de 3ème) » ; que les jeunes font du sport (principalement du football) ; qu’ils se sentent libres de pratiquer leur religion mais disent avoir perçu du racisme en France, sans pour autant en avoir été victimes ; les jeunes ne nient pas le stress causé par le voyage (ou une situation traumatisante vécue dans le pays d’origine) mais ceux qui sont accompagnés psychologiquement vont mieux ; enfin, la préoccupation partagée par tous est celle des démarches administratives : « Les jeunes sont conscients que tous leurs projets professionnels à court ou moyen-terme sont conditionnés par la régularisation de leur situation administrative ».

Les aspirations et projections dans l’avenir (quatrième et dernière partie) des jeunes présents en France incluent : rentrer au pays pour les vacances, résoudre les problèmes par soi-même, travailler, devenir propriétaire, fonder une famille…

Des points de vigilance pour mieux encadrer les MNA

Les constats réalisés au cours des entretiens menés pour l’enquête suscitent des interrogations – une douzaine – de la part des auteurs : elles sont autant de pistes pour améliorer leur prise en charge et assurer leur intégration.

Plusieurs jeunes ont fait part d’expériences traumatisantes au cours de leur voyage vers l’Europe : « Est-ce qu’une prise en charge psychologique est automatiquement organisée par les équipes éducatives ? » interrogent-ils.

Quand le choix de la formation se fait une fois le jeune orienté vers un foyer, ils demandent : « Est-il acceptable pour certains jeunes ayant d’autres aspirations professionnelles que leur potentiel soit « renié » car leur hébergement est privilégié au détriment de leur formation ? »

Quant au décalage « entre leurs idées préconçues sur l’Europe et la réalité qu’ils y vivent depuis leur arrivée » et le « sentiment d’isolement » : « Existe-t-il au sein des établissements, des groupes de discussion entre jeunes mineurs non accompagnés afin de leur faire partager leurs ressentis sur ce qu’ils pensaient trouver en Europe et la réalité vécue ? »

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