A La Rochelle, l’intégration par l’emploi avec l’Oeuvre d’Orient

Chrétiens d'Orient accueillis dans le diocèse La Rochelle et Saintes grâce à l'Oeuvre d'Orient.

Chrétiens d’Orient accueillis dans le diocèse La Rochelle et Saintes grâce à l’Oeuvre d’Orient.

L’Œuvre d’Orient est une ONG française, créée en 1856, pour venir en aide aux chrétiens d’Orient. Depuis août 2014, elle participe à l’accueil des Orientaux qui, fuyant les drames de la guerre, de la persécution et la torture, font le choix de quitter leur pays et arrivent en France.

La délégation de l’Œuvre d’Orient à La Rochelle a accueilli, durant ces quatre dernières années, 15 familles irakiennes et syriennes, soit 100 personnes environ. Après une première année d’accueil et d’accompagnement (papiers administratifs, logement, apprentissage du français, scolarisation des enfants, etc.), s’est posée fortement, en premier lieu pour les pères de famille, mais aussi pour les jeunes adultes, la question de l’accès à l’emploi. Ils acceptaient avec difficulté que leur subsistance et celle de leurs familles soit uniquement à la charge de l’Etat, et exprimaient le grand désir de pouvoir assumer par leur travail les besoins de leurs familles.

Lève-toi et marche !

Sur le plan administratif, rien ne les empêchait de travailler, mais plusieurs obstacles étaient bien réels : un professeur en informatique irakien ne pouvait trouver un emploi avant d’avoir une connaissance presque parfaite de la langue française ; un vétérinaire devait reprendre des études en France pour faire valoir son diplôme. Nous avons donc sollicité Emmanuel, un membre des Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens (EDC), pour les aider à tracer un chemin. Ce dernier travaille alors avec eux sur l’identification de leurs compétences secondaires. Un CV complet est rédigé, envoyé à toutes ses connaissances au sein des EDC, en expliquant la situation.

Rapidement, Daniel, un entrepreneur rochelais, est intéressé par deux ouvriers en menuiserie, mais il nous fait part de sa crainte que ces personnes « étrangères » ne soient pas bien accueillies par ses ouvriers. Amer et Faris, pressentis pour cette embauche, sont d’accord pour tenter un stage de deux semaines d’abord, puis un contrat de deux puis six mois. Une évaluation est faite régulièrement avec le chef de chantier et l’équipe, et nous apprenons que ces deux hommes ont fait tellement preuve d’esprit de service et d’amitié qu’on leur a vite « pardonné » le fait d’être étranger. Un CDI leur est proposé.

Il y a un an, je reçois l’invitation à une interview, organisée par le journal de l’entreprise. Il y avait des promotions : Amer était promu chef d’équipe. Il a pris la parole pour s’adresser au patron et à ses collègues : « Je vous remercie pour la confiance que vous m’avez accordée quand vous m’avez embauché : il vous a fallu du courage ! Mais je vous remercie surtout parce que vous m’avez redonné confiance en moi, après la grande épreuve. Je suis capable à nouveau de prendre soin de ma famille. La France est un grand pays… » L’expérience fait tache d’huile ! Un autre entrepreneur de La Rochelle embauche un père de famille comme ouvrier spécialisé. Et puis un autre, dans une commune voisine.

Des initiatives et des études qui paient

Rabih et Zoher nous racontent qu’ils avaient travaillé dans la restauration, quand ils étaient étudiants. Nous les encourageons à se lancer dans la restauration rapide. Ils bénéficient d’une formation auprès de Pôle emploi sur les réglementations françaises. Les services de la Ville les aident à identifier le quartier le plus adapté pour que l’expérience soit réussie. Des bienfaiteurs les soutiennent pour les premières dépenses. Leurs deux familles vivent actuellement des revenus de ce commerce !

Milad est un jeune infirmier mais son diplôme ne lui permet pas de travailler en France. Passionné par son métier, il décide de reprendre des études, décroche le diplôme d’aide-soignant et s’apprête à poursuivre jusqu’à l’obtention de son diplôme français d’infirmier.

Une vie en abondance est entrée au cœur de ces familles. Tous ont beaucoup de joie à raconter leurs progrès dans leur travail, et les liens qu’ils tissent avec leurs collègues. Participer et tisser des liens, voici ce qui met l’homme debout, pour la Gloire de Dieu !

Katia Mikhaël, responsable de la Pastorale des Migrants du diocèse de La Rochelle et Saintes

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