Exhortation apostolique «Christus vivit» : Les migrants, paradigme de notre temps

23 octobre 2018 : Des jeunes participant à une session de travail lors du Synode des évêques dont le thème est : "Les jeunes, la foi et le discernement vocationnel". Salle du Synode, Vatican.

23 octobre 2018 : Des jeunes participant à une session de travail lors du Synode des évêques sur le thème : « Les jeunes, la foi et le discernement vocationnel », à Rome.

Suite au Synode des évêques sur « Les jeunes, la foi et le discernement vocationnel » d’octobre 2018, l’exhortation apostolique post-synodale « Christus vivit » (Il vit, le Christ) a été rendue publique le 2 avril 2019. Dans ce texte adressé « aux jeunes et à tout le Peuple de Dieu », le pape François consacre plusieurs paragraphes (§91-94) aux jeunes migrants.

Chapitre 3

Vous êtes l’aujourd’hui de Dieu

(…)

Les migrants comme paradigme de notre temps

91. Comment ne pas se rappeler ces nombreux jeunes touchés par les migrations ? Les phénomènes migratoires ne représentent pas « une urgence transitoire. Les migrations peuvent advenir à l’intérieur même d’un pays ou bien entre des pays différents. La préoccupation de l’Eglise concerne en particulier ceux qui fuient la guerre, la violence, la persécution politique ou religieuse, les désastres naturels dus aux changements climatiques et à la pauvreté extrême : beaucoup d’entre eux sont jeunes. En général, ils sont en quête d’opportunités pour eux et pour leur famille. Ils rêvent d’un avenir meilleur et désirent créer les conditions de sa réalisation ».[44] Les migrants « nous rappellent la condition primitive de la foi, celle d’“étrangers et voyageurs sur la terre” (He 11, 13) ».[45]

92. D’autres migrants « sont attirés par la culture occidentale, nourrissant parfois des attentes irréalistes qui les exposent à de lourdes déceptions. Des trafiquants sans scrupules, souvent liés aux cartels de la drogue et des armes, exploitent la faiblesse des migrants qui, au long de leur parcours, se heurtent trop souvent à la violence, à la traite des êtres humains, aux abus psychologiques et même physiques, et à des souffrances indicibles. Il faut signaler la vulnérabilité particulière des migrants non accompagnés et la situation de ceux qui sont contraints de passer de nombreuses années dans des camps de réfugiés ou qui restent longtemps bloqués dans les pays de transit, sans pouvoir poursuivre le cours de leurs études, ni exprimer leurs talents. Dans certains pays d’arrivée, les phénomènes migratoires suscitent des alarmes et des peurs, souvent fomentées et exploitées à des fins politiques. Une mentalité xénophobe, de fermeture et de repli sur soi se diffuse alors. Il faut réagir fermement à cela ».[46]

93. « Les jeunes qui migrent vivent une séparation avec leur environnement d’origine et connaissent souvent un déracinement culturel et religieux. La fracture concerne aussi les communautés locales, qui perdent leurs éléments les plus vigoureux et entreprenants, et les familles, en particulier quand un parent migre, ou les deux, laissant leurs enfants dans leur pays d’origine. L’Eglise a un rôle important à jouer comme référence pour les jeunes de ces familles brisées. Mais les histoires des migrants sont aussi des histoires de rencontre entre personnes et cultures : pour les communautés et les sociétés d’accueil, ils représentent une opportunité d’enrichissement et de développement humain intégral de tous. Les initiatives d’accueil qui se rattachent à l’Eglise ont un rôle important de ce point de vue et peuvent revitaliser les communautés capables de les mettre en œuvre ».[47]

94. « Grâce à la provenance variée des Pères, le Synode a vu confluer de nombreuses perspectives en ce qui concerne le thème des migrants, en particulier entre les pays de départ et les pays d’arrivée. En outre, on a entendu résonner le cri d’alarme des Eglises dont les membres sont contraints de fuir la guerre et la persécution et qui voient ces migrations forcées comme une menace pour leur existence même. Le fait d’inclure en son sein toutes ces différentes perspectives met précisément l’Eglise en condition d’exercer un rôle prophétique vis-à-vis de la société en matière de migrations ». [48] Je demande en particulier aux jeunes de ne pas se laisser enrôler dans les réseaux de ceux qui veulent les opposer à d’autres jeunes qui arrivent dans leurs pays, en les présentant comme des êtres dangereux et comme s’ils n’étaient pas dotés de la même dignité inaliénable propre à chaque être humain.

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