Carême 2019 avec la Fraternité Georgette : l’aumône
Dans le diocèse de Montauban, la Fraternité Georgette a notamment pour mission une communauté de vie avec des migrants, sans distinction de religion. Ses membres partagent leur manière de vivre le Carême.
Comment vivez-vous le principe du partage ?
Nous avons encore trop : nous redonnons parfois à Emmaüs. Nous manquons de place et, petit à petit, nous nous dépouillons… par obligation.
Le partage se vit au niveau personnel, avec ceux qui passent, qui ont encore moins que nous-mêmes. Si certains n’ont rien, nous avons au moins un toit !
On se pousse, on accueille et on partage toujours avec plus pauvre que nous. Ceux qui sont arrivés au début ont eu tendance à accumuler, par peur du lendemain. Quand l’affection, l’amitié et la fraternité leur font quitter cette peur, ils partagent alors tout ce qu’ils ont. Nous n’avons jamais connu personne qui refuse le partage. Les cœurs s’ouvrent avec l’amour.
Alors que certains migrants sont en France pour trouver une vie meilleure, ils vivent dans la pauvreté : que retenez-vous de cette expérience ?
Fédérik, jeune albanais, nous a témoigné de ce qu’il croyait pouvoir trouver ici : une vie meilleure, la richesse … Il nous a dit qu’en effet, rien de tout cela n’était arrivé. Mais que jamais il n’aurait pensé qu’il vivrait un jour autant d’amour et de joie. Il retenait pour sa vie la meilleure des leçons : donner aux autres et les aimer est ce qui rend profondément heureux. Il ne l’oublierait jamais. C’était pour lui le meilleur cadeau qu’on lui ait jamais fait pour sa vie future. Tout cela, il l’a appris en vivant avec nous à la Fraternité.
En quoi le style de vie de la Fraternité est-il un appel à la solidarité financière pour les chrétiens du diocèse et aux hommes de bonne volonté ?
La Fraternité donne un témoignage discret et nous ne sommes vraiment compris que par ceux qui viennent partager un moment de vie avec nous – un repas, par exemple. Ceux qui, par hasard, font le pas de rentrer un peu dans l’intimité de notre vie, en sont bouleversés. La joie, la fraternité, le partage : les personnes venues n’oublient jamais. Certaines d’entre elles reviennent aider, donnent comme elles peuvent. Argent, service, habits, meubles, nourriture ou simple présence. Quand ils ont osé se faire servir par les membres de la Fraternité, ils donnent mieux et autrement. Nous avons des efforts à faire pour mieux communiquer et témoigner mais le « Venez et voyez » (Jean 1, 39) est la meilleure méthode.