Africatho : les jeunes de l’aumônerie africaine en Rencontre nationale à Lyon
Hermann, ingénieur chimiste et membre du Chœur Africatho, participera au Rencontre nationale des jeunes de l’Aumônerie africaine, sur le thème : « Quelles stratégies d’acculturation pour quelles espérances ? » (1-3/11/2019 à Lyon).
Vous avez participé au Rassemblement national à Orléans en 2017, quel regard portez-vous sur la jeunesse « africatho » ?
Tout d’abord, j’ai eu l’occasion de me rendre compte de la richesse et de la diversité des talents, tant artistiques qu’intellectuels, dont regorge ce continent. Ma joie est d’autant plus grande que ces talents ne sont pas concentrés dans des régions spécifiques mais disséminés à travers tout le continent. Cette capacité à travailler ensemble et à vouloir œuvrer au nom de la foi, sans privilégier sa culture originelle, me semble être la véritable force de cette jeunesse, consciente des enjeux et des défis de demain. La diversité des profils rencontrés et auprès desquels j’ai pu m’enrichir, tant spirituellement que culturellement, reste pour moi un échantillon représentatif de la richesse de ce continent.
Je reste donc convaincu que cette jeunesse est capable de réaliser et piloter des projets fédérateurs et viables, tant à l’échelle de la France que du continent Africain. Tout ceci passe de façon incontournable par les réseaux multiformes déjà en place ou en cours de constitution par le biais de ce type de rencontres et des sessions de réflexion qu’elle favorise.
Qu’attendez-vous de cette nouvelle édition dont le thème est « l’acculturation » ? Comment percevez-vous l’intégration de jeunes africains en France ?
Ces rencontres de la jeunesse Africatho sont des moments de prise de conscience, des rendez-vous au cours desquels chacun des participants est appelé à apporter sa pierre. Ce thème est en lien étroit avec celui de la rencontre précédente, « Jeunes : Sous influences multiculturelles, apports en Eglise et en société ». De ce fait, je préfère voir votre question sous l’angle de ce que je pourrais apporter pour enrichir le thème de cette édition. Les clés obtenues grâce aux rencontres et fructueux échanges d’Orléans 2017, mais surtout mon expérience personnelle acquise en six années au contact de la culture occidentale, constitueront un levier essentiel pour ce thème.
Je pense que la problématique de l’intégration des Africains en France se pose dès leurs premières heures sur le territoire, pour les jeunes qui viennent pour leurs études, comme pour ceux dans le cadre professionnel. En effet, confrontés à différentes formes de culture et valeurs culturelles différentes, ils mettent en place des stratégies et des moyens pour trouver un juste milieu entre les différentes caractéristiques culturelles des peuples autochtones. Il existe une autre catégorie de jeunes Africains dont les repères culturels sont un métissage car bien qu’étant nés et ayant grandi en France, ils bénéficient d’une transmission de certaines valeurs de la part de leurs parents, en dépit de l’influence qui existe hors du cadre familial. Malgré tout, nombreux sont celles et ceux qui rencontrent des difficultés dans leur parcours scolaire, qui s’apparentent à de la discrimination, à peine voilée parfois.
Dans la plupart des cas, après avoir pu surmonter toutes ces barrières, une fois les études achevées, une autre épreuve démarre : celle de l’accès à l’emploi correspondant à son niveau de qualification. Commence alors un nouveau chemin de croix, jalonné de galères administratives, rendues volontairement complexes (quête du titre de séjour adéquat ou du changement de statut pour occuper une fonction…). Tout cela génère un état d’anxiété permanent; engendrant un repli sur soi ou une mise à l’épreuve de sa foi. Pour en sortir, certains se confient avec confiance à Dieu, d’autres font preuve d’ouverture aux frères et sœurs en leur partageant la situation vécue, dans l’espoir d’obtenir des conseils, des pistes à explorer sous la forme de retour d’expérience ou encore de l’aide, de la part des réseaux constitués. En cela, la jeunesse Africatho constitue un atout d’intégration.
En quoi est-ce un temps fort pour votre vie spirituelle ?
La vie du chrétien n’est pas une vie paisible, constituée que de jours roses et sans difficultés. Le Christ lui-même, par son abaissement et son obéissance, nous montre le chemin. Il m’arrive donc des moments de sécheresse, de désert spirituel, de panique, de doutes avec le sentiment d’être seul, abandonné à moi-même. Certains jours sont en effet différents des autres, avec très souvent un questionnement profond de ma relation à Dieu, sans avoir forcément les réponses adéquates, me poussant donc à pré-construire des raisonnements ayant valeur de début de réponses auxdites questions.
Cette rencontre constitue pour moi un temps fort de ma vie spirituelle parce que d’une part, la rencontre avec « l’autre » ou les autres est l’occasion de faire communauté et d’être en communion spirituelle. D’autre part, je saisis l’opportunité du partage pour recevoir et transmettre ce qui pourrait nous enrichir mutuellement. En effet, une de mes mamans [1], dans mes périodes difficiles, me dit souvent : « Personne n’a le monopole de notre Seigneur ni n’en possède la totale et parfaite connaissance ». Cette sagesse m’aide désormais, car je suis convaincu de son fondement. Ce temps fort est donc pour moi une source d’énergie positive indescriptible et incommensurable pour un nouveau départ. C’est aussi le temps du renouvellement de mon engagement de chrétien, après une restauration intérieure (cf. Psaume 23, 3). Tout cela passe par l’acquisition de nouvelles clés spirituelles et attitudes, voire aptitudes intellectuelles, reçues des autres participants.
Propos recueillis par Claire Rocher (SNPMPI)
Que diriez-vous à un jeune pour le motiver à participer ?
Je me suis fait raconter l’édition de 2015 à Orsay. Au regard du récit et à la lecture du rapport final de celle-ci, je me suis promis d’être à Orléans, afin de raconter à mon tour à d’autres jeunes ce que j’y aurais vécu. Je l’ai fait et aujourd’hui, j’attends avec impatience la prochaine édition à laquelle je suis inscrit depuis quelques mois.
Je pense que tu as de nombreuses questions en lien avec ta vie spirituelle ou avec le thème qui sera abordé durant la rencontre. Mon souhait pour toi, jeune, croyant ou non, africain ou non, serait que nous nous rencontrions à Lyon, du 1er au 3 novembre, et que nous puissions le raconter à d’autres jeunes en vue de l’édition suivante. Pour cela, je te conseille de t’inscrire : tu vas aimer. Sur ce, à bientôt à Lyon !
[1] Conception africaine qui fait que l'on considère toute femme qui pourrait avoir le même âge que sa maman biologique comme sa mère.