Aux côtés des 50.000 réfugiés bloqués en Grèce

Père Maurice Joyeux, SJ, directeur de l'antenne JRS en Grèce.

Père Maurice Joyeux, SJ, directeur de l’antenne JRS en Grèce.

Cécile Deleplanque, volontaire JRS en Grèce.

Cécile Deleplanque, volontaire JRS en Grèce.

Père Maurice Joyeux, sj, directeur du JRS Ellada, et Cécile Deleplanque, laïque volontaire, témoignent de leur expérience de terrain à Athènes. Témoignage extrait du Courrier de la pastorale des migrants n°136 – Février 2019.

« Et si c’était moi, si c’était nous ? ». Tel fut le moteur de notre engagement au JRS Ellada, lors de sa création en pleine crise migratoire, en octobre 2015. Les ferrys déversaient alors chaque jour des milliers de personnes, une marée humaine en exode, en quête d’une terre hospitalière. La Grèce n’était alors que terre de transit.

Avec et depuis l’accord entre l’Union Européenne et la Turquie (18 mars 2016), plus de 50.000 réfugiés sont bloqués en Grèce, en proie aux passeurs. Au cœur d’Athènes, dans le bâtiment de la communauté jésuite, nous abritons au JRS Ellada une quarantaine de réfugiés vulnérables venus de Syrie, d’Irak, d’Afghanistan, d’Afrique. L’urgence est à la présence et à l’écoute.

POUR et AVEC les réfugiés : c’est ainsi que nous envisageons la vie, les activités communes afin qu’émergent les talents. Chacune de ces personnes est souvent traumatisée par les guerres, les violences ou toute forme de fondamentalisme dans son pays d’origine. Nous invitons au pas de plus, à un nouveau commencement.

Nos efforts se déploient également dans quelques camps autour d’Athènes. Nous allons régulièrement à Lesbos, où chaque jour des réfugiés arrivent encore ; un jésuite est désormais présent pour accompagner les plus démunis souvent d’origine africaine.

Nous ne pouvons que constater l’ampleur de la tâche, la difficulté de tenir dans la durée, le manque d’accompagnement logistique et humain.

Nous ne travaillons pas seuls, puisque la mobilisation des citoyens est réelle malgré la crise.

C’est en lien avec des initiatives locales mais aussi des ONG européennes et internationales que nous orientons les personnes pour le logement, la nourriture, l’assistance légale, médicale, sociale, l’éducation des jeunes. Ensemble, avec le Haut-Commissariat aux Réfugiés (UNHCR), nous essayons au mieux de concerter tous nos efforts.

Mais aussi, depuis le départ, rien n’aurait été possible sans les jeunes volontaires venus nous rejoindre : une soixantaine depuis 2015. Leur énergie et engagement nous ont donné du souffle pour rester créatifs et tenir dans la durée.

Nos valeurs ne sont pas en danger, elles sont seulement éprouvées. Risquons l’accueil. Ecoutons les récits de ces personnes en exode. Tenons ouvertes nos frontières. L’argent ne suffit pas au soutien de l’Italie et de la Grèce. L’essentiel demeure dans nos ressources humaines délivrées de la peur, dans notre confiance dans un avenir à bâtir pour et avec les réfugiés.

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