Elections municipales 2020 : plaidoyer pour des villes accueillantes
A l’occasion des élections municipales, les dimanches 15 et 22 mars 2020, le CCFD-Terre Solidaire mais aussi des collectifs citoyens sont mobilisés pour interpeller les candidats sur leur vision du vivre ensemble et leurs projets de solidarité. Zoom sur les bonnes pratiques mises en place à Saint-Denis (93).
En 2011, la Seine-Saint-Denis avait le plus fort taux d’étrangers de France : 21% de la population du département1. Début octobre 2019, le « 9.3 » a été le premier département à rejoindre l’Association Nationale des Villes et Territoires Accueillants (ANVITA), qui entend alerter sur l’accueil des migrants. En effet, au cœur du « diocèse arc-en-ciel », la ville de Saint-Denis comptait, en 2015, 31,6% d’habitants étrangers2 et 39% d’immigrés3.
Fin octobre 2017, le Maire de Saint-Denis et le Président de Plaine Commune ont lancé un appel aux Dionysiens pour des parrainages républicains et citoyens. « Notre Ville a toujours assumé une histoire et une identité intimement liées aux flux migratoires » peut-on lire dans le communiqué. « Par cette action, nous souhaitons redonner de la visibilité à la question de la régularisation des citoyens étrangers, en posant un acte politique fort et en invitant les citoyens-nes à s’y associer ». Une deuxième cérémonie a été organisée en mars 2018.
Au cabinet du Maire, Mathilde Villain explique que le rôle du parrain ou de la marraine d’une personne sans-papiers consiste à suivre son dossier, faire le lien avec la Préfecture, alerter la Municipalité en cas de difficultés et accompagner la personne dans son intégration dans la Ville. En complément, une « Mission citoyenneté » propose un accompagnement individuel et des ateliers, sur le droit des étrangers, par exemple. Des associations d’aide aux étrangers peuvent orienter des personnes vers cette structure et inversement.« Plus de 100 binômes se sont créés, confirme la chargée de mission. Depuis, certaines personnes ont été naturalisées et d’autres ont obtenu un titre de séjour mais ça continue ». Cet appel aux volontaires avait notamment pour objectif de « sensibiliser les Dyonisiens » et de donner « une impulsion au vivre ensemble ».
Plaidoyer en faveur d’une citoyenneté de résidence
Si les questions migratoires ne sont pas spécialement mises en avant pendant cette campagne, Mathilde Villain signale que, dimanche 15 mars, à Saint-Denis, « le collectif « J’y suis J’y vote’ » organisera un vote symbolique parallèle au scrutin officiel ». Plusieurs urnes recueilleront les bulletins de celles et ceux qui ne sont pas inscrits sur les listes électorales. Le tract rappelle d’ailleurs que, depuis 2006, l’opinion publique française soutient majoritairement le droit de vote des étrangers aux élections municipales et européennes.
Depuis 2008, Saint-Denis s’est ainsi doté d’un « Conseil consultatif des citoyens étrangers » de 32 personnes. Au-delà de reconnaître explicitement les droits politiques des étrangers, cet outil de démocratie participative peut être force de proposition auprès du conseil municipal.
Sous l’appellation « Conseil des résidents étrangers », une instance semblable existe à Strasbourg. Cette voix donnée aux citoyens dépourvus du droit de vote fait partie du questionnaire adressé par un collectif de 8 associations (dont JRS France et le Secours catholique – Caritas France) aux candidats de Metz. Avec « Politique municipale : Quelles solidarités proposez-vous ? », les représentants de la société civile souhaitent « promouvoir des droits pour tous, et notamment pour les plus fragiles ». Le chapitre « Etrangers dans la ville » rappelle que seuls les ressortissants de l’Union Européenne peuvent voter aux élections locales. Or l’INSEE comptabilise à Metz 8.500 étrangers non originaires de l’UE. « Ils participent à la vie économique, sociale, culturelle et associative de la commune. Ils ne participent pas à la vie municipale » pointe le document.
Campagne « Villes accueillantes » du CCFD-Terre Solidaire
De son côté, le CCFD-Terre Solidaire porte la campagne « Villes accueillantes », au cours de laquelle les bénévoles ont été encouragés à rencontrer les candidats aux municipales. L’ONG de solidarité internationale est d’ailleurs membre de l’Organisation pour une Citoyenneté Universelle (OCU).
Claudine Lanoë a pu rencontrer deux têtes de listes à Valenciennes. Le maire actuel « a refusé qu’un CAO soit implanté sur le territoire de l’agglomération » contextualise la bénévole, par ailleurs Déléguée diocésaine à la Pastorale des Migrants du diocèse de Cambrai. « Il faut convaincre ces élus ou futurs élus que c’est l’absence d’accueil digne qui est le problème, pas la présence des migrants sur notre territoire; les convaincre aussi que nous ne les avons pas attendus pour mettre en place un accueil citoyen : cours de langues, accès aux droits, hébergement de demandeurs d’asile via une antenne de JRS à Valenciennes, par exemple ». « Le lien entre élus et société civile existe parfois mais à Valenciennes, il est à construire » conclut-elle.
Alors que nous réfléchissons au choix de notre bulletin de vote, pensons-y !
« Chrétiens, nous sommes du Peuple de la Bible. Un peuple qui a connu les migrations dans le désert, (…) qui a connu l’exil, (…) contraint de fuir en Egypte. Alors que les élections municipales approchent, il faut nous le rappeler ! »
Communiqué de la Pastorale des Migrants du diocèse de Lille (28/02/2020).
1 La population étrangère par nationalités en Seine-Saint-Denis 2 Un étranger « est une personne qui réside en France mais ne possède pas la nationalité française ». 3 Un immigré « est une personne, née de nationalité étrangère à l'étranger, venue habiter en France ». Un immigré peut être étranger ou Français.