Coronavirus : en France, les migrants et les réfugiés fragilisés
Depuis la fermeture des établissements scolaires, lundi 16 mars, puis le confinement de la population, mardi 17 mars, les migrants et les réfugiés sont encore plus fragilisés. Plusieurs associations ont interpellé le Gouvernement, dans le contexte de crise sanitaire du Coronavirus.
A l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), l’accueil est fermé jusqu’au 31 mars inclus. Les entretiens sont reportés. Les notifications des décisions risquent d’être perturbées et aucune nouvelle décision ne sera prise avant le 15 avril. Les personnes protégées sont invitées à effectuer leurs démarches en ligne.
Face à cette paralysie annoncée, dès le 17 mars, le Secours catholique – Caritas France a écrit au Premier ministre pour faire suspendre les mesures de rétention et d’expulsion, puisqu’aucun renvoi n’est plus possible en Italie, première destination des « Dublinés ». Le même jour, Adeline Hazan, Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, pointait que la « mesure de rétention elle-même se [trouvait] dépourvue de fondement juridique » et recommandait « de procéder sans délai à la fermeture temporaire des centres et locaux de rétention administrative ».
Lancée en début de semaine dernière, une pétition, dont le Groupe d’Information et de Soutien des Immigrés (GISTI) est signataire, demande de mettre un terme aux arrestations de sans-papiers. Petit à petit, des décisions de justice semblent tenir compte de cet état de fait, comme l’explique un article du Monde, publié le 21 mars. Celui-ci souligne d’ailleurs que plusieurs intervenants en Centre de rétention administrative (CRA), notamment ceux de La Cimade, n’assurent plus leur mission de soutien juridique.
Refoulés aux frontières intérieures
En Italie, des « personnes continuent d’arriver tous les jours au camp de la Croix-Rouge italienne » de Vintimille rapportait la Coordination des Actions à la Frontière Franco-Italienne pour les personnes Migrantes (CAFFIM) qui comptabilisait 250 personnes présentes, le 20 mars.
Une circulaire signée du Premier ministre, datée du 18 mars et en vigueur jusqu’au 15 avril, rappelle les conditions de refus d’entrée des étrangers sur le territoire français. Le consultant juridique Jacopo Colomba a pu néanmoins rencontrer sept Kurdes irakiens, refoulés à la frontière franco-italienne : ils avaient tous passé la nuit dans les algécos, sans aucune précaution sanitaire.
Dans le Briançonnais, les maraudes ont été suspendues le 18 mars. Pourtant des personnes « continuent d’arriver », en prenant de grands risques, au refuge solidaire de Briançon qui « compte une dizaine de personnes », toujours selon les informations recueillies par la CAFFIM.
Quant à Calais, les associations d’aide aux migrants ont rencontré le sous-préfet Michel Tournaire, dès le 5 mars. Mais ses recommandations pour prévenir la propagation du coronavirus ont provoqué la grogne des humanitaires. C’est maintenant au tour des policiers : ils « veulent des masques et stopper les démantèlements » titre La Voix du Nord, le 23 mars. Des syndicats demandent même à l’État « l’arrêt pur et simple des démantèlements des campements de migrants ».
C. Rocher / SNPMPI
Confinés dehors ?
En Ile-de-France, le préfet Michel Cadot a récemment annoncé 1.500 places d’hôtels et l’ouverture de centres d’hébergement (lire gymnases) à Paris et en Seine-Saint-Denis. De plus, 300 places en « centre de desserrement » sont prévues pour les personnes à la rue contaminées par le Coronavirus. En ligne depuis une semaine, soutenue par des intellectuels et des associations (ACAT, JRS France, Secours catholique – Caritas France), une pétition adressée au Premier ministre et intitulée « Mais pour rester chez soi, il faut un chez soi ! » a doublé son objectif (150.000 signatures), après avoir atteint les 75.000 visés initialement.