Edito du Courrier de la pastorale des migrants n°140
Nous connaissons tous la phrase « la France ne peut pas accueillir toute la misère du monde » et pourtant, la triste constatation faite par un ami missionnaire il y a quelques années semble plus perspicace : « La misère meurt chez elle ».
Migrer a un coût : il faut financer le voyage, les papiers, parfois les passeurs… La « misère du monde » n’a pas les moyens de migrer.
La partie de la population qui émigre est généralement la plus proactive, la plus ambitieuse et la plus jeune aussi. Tant de personnes associent instinctivement le phénomène migratoire aux canots pneumatiques surchargés qui traversent la Méditerranée et oublient, par exemple, que la moitié des personnes qui sont arrivées en France ces dernières années sont nées en Europe.
La majorité des immigrés ne sont pas des personnes en extrême difficulté et ayant un besoin urgent d’assistance. Beaucoup d’entre eux sont jeunes, avec un petit réseau (amis et famille) déjà installé sur le territoire français. Ils ont un projet d’émigration légitime et l’objectif d’un séjour stable et régulier, dans le respect des lois et de la Constitution française. Ils ne veulent pas être assistés ou recevoir d’aumônes, mais ils veulent juste que quelqu’un leur donne l’occasion de prouver leur talent et leurs capacités. Ils veulent construire leur avenir et collaborer à la construction de l’avenir de la France.
On l’oublie souvent : Astérix le Gaulois est l’œuvre d’un fils d’immigrés polonais (le scénariste René Goscinny) et d’un fils d’immigrés italiens (le dessinateur Albert Uderzo). Le Baron Haussmann, Marie Curie, Apollinaire, la comtesse de Ségur, Émile Zola, Lazare Ponticelli (le dernier Poilu, mort en 2008), Joseph Kessel, Yves Montand, Charles Aznavour, Isabelle Adjani, Serge Gainsbourg, Coluche, Zinedine Zidane… Tous immigrés ou fils/filles d’immigrés en France!1
Père Carlos Caetano, cs, directeur du SNPMPI
1Merci aux amis de La Cimade pour cette liste de noms, que j’ai trouvée dans le livret « Lutter contre les préjugés sur les migrants ».