« Migrants vénézuéliens en Colombie : marcheurs de l’espérance »
Les histoires des migrants vénézuéliens en Colombie s’entrecroisent et se complètent pour raconter une histoire commune de souffrance et de déracinement, mais aussi une histoire d’espérance, de nouveaux commencements, d’envie de vivre et d’efforts pour s’adapter à une situation qu’ils n’imaginaient pas devoir rencontrer, mais qu’ils affrontent et cherchent à dépasser.
« Tu sais, je suis trop triste… Je me sens encore mal d’avoir quitté mon pays. Mais pour ma fille et ma femme – tu sais les choses que l’on doit faire pour les enfants, parce que chez moi, il n’y a ni travail, ni nourriture, ni possibilité de faire des études. Je n’avais jamais pensé quitter le Venezuela mais j’ai dû partir, parce que les choses sont trop difficiles. Comme tous les autres, je voudrais retourner au Venezuela, mais ce n’est pas encore possible. Je veux le meilleur pour ma fille et ma femme, trouver un travail ici, quelqu’un qui nous aide. » Yowani, vénézuélien, 48 ans.
« Ma mère me manque, ma famille, mes habitudes, mes racines… J’ai cette question dans la tête : Pourquoi as-tu dû quitter ton pays ? Pourquoi as-tu dû quitter ta maison ? Et personne n’a de réponse, à cause d’un régime qui nous écrase tous de la même façon. Ca n’a rien à voir avec ta classe sociale, ta race, ni rien de ce genre. Le régime t’écrase et c’est tout : tu es avec lui ou tu es contre lui. C’est pour ça que tu dois partir et quitter ton pays, et personne ne peut te dire pourquoi. » Johan, vénézuélien, 42 ans.
« Quand j’étais au Venezuela, jamais je n’avais pensé quitter mon pays. Mais avec ce que nous sommes en train de vivre, nous sommes partis. Mon rêve, c’est de retourner au Venezuela, d’arranger ma maison et tellement de choses… Tous ces rêves que j’ai, je voudrais les réaliser mais j’ai besoin de l’aide d’ici. Aidez-nous, parce que vous êtes de bonnes personnes. Que Dieu vous bénisse et continuez comme ça. » Zaida, vénézuélienne, 50 ans.
La Colombie, premier pays d’accueil des Vénézuéliens
Comprendre le phénomène de la migration a toujours été important pour la Colombie. Historiquement, les Colombiens ont été des migrants, internes et externes. La migration est marquée en particulier par le déplacement forcé de millions de personnes, pendant plusieurs décennies.
Ces dernières années, suite au processus de paix en Colombie et à la crise sociopolitique et économique au Venezuela, la dynamique migratoire a changé. La Colombie est devenue le pays qui accueille la majeure partie des migrants vénézuéliens quittant leur patrie à la recherche de meilleures conditions de vie, pour eux et leur famille. Selon le dernier rapport de « Migration Colombie », au 31 décembre 2019, il y avait ici 1.771.237 migrants, dont 754.085 en situation régulière et 1.017.152 en situation irrégulière.
Devant l’arrivée de Vénézuéliens et de migrants d’autres nationalités, le Secrétariat national de pastorale sociale/Caritas Colombie (SNPS/CC) a mis en œuvre des stratégies, des projets et des actions pour répondre à la crise humanitaire : de l’aide d’urgence mais aussi des actions qui permettent l’intégration locale des migrants vénézuéliens dans tout le pays et surtout dans les départements frontaliers, ainsi que dans les principales villes de passage et d’établissement.
L’Église colombienne se sent engagée dans l’aide humanitaire et l’intégration des migrants et des réfugiés. Elle cherche à les aider à se stabiliser et à réaliser l’avenir qu’ils désirent, dans des conditions dignes et justes.
Secrétariat national de pastorale sociale/Caritas Colombie
En 2019, 214.901 personnes migrantes aidées dans 15 municipalités à travers tout le pays
L’aide apportée par le SNPS/CC concerne 15 domaines : alimentation (79.956 personnes), santé (3.814 personnes), eau, assainissement et hygiène (7.220 personnes), assistance psychosociale (35.153 personnes), assistance juridique (20.955 personnes), logement provisoire (16.333 personnes), location à moyen terme (3.763 personnes), kits d’hygiène personnelle (25.175 personnes), kits vestimentaires (2.536 personnes), somme multi-usages (7.430 personnes), transport intérieur en Colombie (6.735 personnes), accompagnement de mineurs isolés (120 personnes), stratégies d’insertion culturelle (1.103 personnes), moyens de subsistance (73 personnes) et kits et frais de scolarité (4.535 personnes).
Ce témoignage est extrait du dossier d'animation pour la Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié 2020.