Personnalités religieuses engagées auprès des migrants
Ces personnalités religieuses partagent un contexte historique assez semblable mais ont des visions du phénomène migratoire assez différentes.
Le XIXème siècle en Europe est traversé par un anticléricalisme très répandu. Politiquement, l’Église catholique est considérée comme réactionnaire, socialement, elle est associée à la noblesse et culturellement, à l’obscurantisme. L’Église est critiquée pour son manque d’intérêt pour la condition sociale des prolétaires, qu’elle essaierait de maintenir dans une position d’oppression résignée.
Ces témoins réagissent en s’engageant dans une action sociale sur plusieurs fronts et en épousant la cause des personnes ou des classes les plus démunies. Leur intérêt pour les migrants arrive presque à la fin d’un parcours personnel d’ouverture progressive de leur esprit, suite aux expériences accumulées avec les enfants difficiles ou abandonnés, les paysans illettrés, les ouvriers non qualifiés, les pauvres, les personnes handicapées, les malades, etc.
Saint Vincent Pallotti (1795-1850). Ce prêtre italien, fondateur de la congrégation des Pallotins, privilégie la promotion culturelle des classes populaires et l’apostolat catholique pour libérer les hommes de l’esclavage de la misère. Tout comme les autres opprimés, les migrants doivent retrouver leur dignité pour devenir des protagonistes dans la société. Béatifié par Pie XII le 22 janvier 1950, il sera canonisé par Jean XXIII, le 20 janvier 1963.
Saint Jean Bosco (1815-1888). Prêtre italien et célèbre éducateur, il fonde la Société de Saint François de Sales (les Salésiens). Il incite ses missionnaires à ne pas ignorer les migrants, pour lesquels ils sont les instruments de la Providence. D’esprit très pratique, Jean Bosco pense efficacement au soutien financier des activités pastorales et à bâtir des structures logistiques adéquates. Canonisé par Pie XI le jour de Pâques 1934, il est proclamé « Père et Maître de la jeunesse » par Jean-Paul II, en janvier 1988.
Mgr Geremia Bonomelli (1831-1914). Evêque de Crémone (Italie), à contre-courant par rapport à la position officielle de l’Église, il prône la participation active des catholiques à la vie politique italienne, seule manière d’améliorer, entre autres, la législation et les dispositifs existants en matière d’émigration. De son point de vue, les migrants doivent trouver à l’étranger des structures qui offrent les repères linguistiques et culturels qu’ils laissent derrière eux.
Bienheureux Giovanni Battista Scalabrini (1839-1905). Au contraire de son ami Mgr Bonomelli, l’évêque de Piacenza (Italie) considère que toute action pastorale en faveur des migrants doit être soumise à l’accord des autorités ecclésiales compétentes. Pour lui, les immigrés deviendront un jour partie prenante de la société d’accueil, mais cette incorporation doit être accompagnée sans empressement, en les aidant à reconnaître et à conserver les ressources de leur culture d’origine. Fondateur des Missionnaires de Saint-Charles et des sœurs missionnaires de saint Charles Borromée, il demande à sainte Françoise-Xavière Cabrini d’envoyer des religieuses avec les Italiens partis pour les États-Unis. Le « Père des Migrants » sera béatifié le 9 novembre 1997 par Jean-Paul II.
Sainte Françoise-Xavière Cabrini (1850-1917). Cette religieuse italienne, fondatrice des missionnaires du Sacré-Cœur, première sainte des États-Unis, pense que le travail auprès des migrants requiert beaucoup de ténacité pour faire face aux obstacles posés par un accueil souvent peu chaleureux, tant de la part des autochtones que de l’Église locale. Il faut donc savoir organiser méticuleusement le travail pastoral sans reculer devant les difficultés. En ce domaine, l’apport des femmes est aussi essentiel que celui des hommes, et n’est pas une option. Béatifiée le 13 novembre 1938 par le pape Pie XI, elle fut canonisée le 7 juillet 1946 à Rome par Pie XII qui l’a déclarée sainte patronne des émigrés.