L’Europe après les nouveaux naufrages en Méditerranée : quelles solutions ?

bateau_streetartUn sommet extraordinaire des dirigeants de l’UE a eu lieu le 23 avril 2015 à Bruxelles, autour de la question des migrants en Méditerranée. Les dirigeants de l’UE se sont mis d’accord sur quatre domaines d’action prioritaires.

  1. Lutter contre les trafiquants (notamment en cherchant des mesures permettant de capturer et de détruire les embarcations des passeurs avant qu’elles ne soient utilisées);
  2. Renforcer notre présence en mer (avec le triplement du budget dédié à l’opération Triton et l’engagement par des Etats membres de fournir des navires, des avions et des experts),
  3. Prévenir les flux migratoires illégaux (la coopération avec les pays d’origine et de transit devrait être renforcée, notamment avec les pays voisins de la Libye et un nouveau programme de retour, en vue d’assurer le retour rapide des migrants clandestins);
  4. Renforcer la solidarité et la responsabilité internes.

Réactions

Si les moyens de sauvetage ont été augmentés, les dirigeants ont refusé d’étendre la zone opérationnelle de Triton. Mais sans étendre sa zone d’intervention à la haute mer, où le plus grand nombre de naufrages se produisent, les effets de cette décision restent très limités, et des milliers de migrants et réfugiés continueront à se noyer. « Les véritables solutions auraient pu être décidées lors de ce Sommet. Que personne ne se trompe : il n’y en pas eu », dénonce Geneviève Garrigos, présidente d’Amnesty International France.

Mgr Silvano Tomasi, observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations-Unies à Genève, a répété que, pour le Saint-Siège, « la priorité numéro un » n’est pas « la question économique ou les intérêts immédiats de tel ou tel pays, mais de sauver des vies humaines qui sont en danger ». L’archevêque estime que le repérage et la destruction des bateaux en Libye ne seraient pas efficaces : « Cela pourrait ralentir le mouvement vers les pays européens. Mais si l’on ne va pas à la racine du problème, nous ne trouverons pas de solution. » « L’émigration n’est pas un facteur isolé, il est lié à toutes les autres situations de relations politiques entre l’Europe et les pays d’origine : le commerce, l’exportation d’armes, le manque de respect des droits de l’homme, le soutien politique apporté à des gouvernements qui contraignent leur citoyens, à travers la répression qu’ils exercent, à fuir pour chercher une vie moins indigne », souligne-t-il.

P. Patrick Daly, secrétaire général de la Commission des Episcopats de la Communauté Européenne (COMECE), a salué dans une interview sur Radio Vatican les mesures de lutte contre les trafiquants. Mais il a souligné l’importance d’une politique à plus long terme, qui vise les causes des migrations : une politique de développement avec une meilleure coopération de l’aide au développement et mieux financée.

Le 27 avril, le pape François a reçu le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon. Lors d’une conférence de presse, M. Ban a précisé avoir aussi abordé avec le pape François les récents naufrages de migrants en Méditerranée: « Nous avons partagé notre choc ».  « Des milliers de personnes se noient. Ces sont les plus pauvres et les plus vulnérables, et ils risquent leur vie (…) pour la plus petite possibilité d’opportunité.  « La priorité devait être de protéger les droits et la dignité de chacun, et de sauver les vies », a-t-il ajouté, en qualifiant la décision européenne de tripler les fonds de l’opération Triton de « premier pas important ». Mais pour lutter contre les passeurs, ces « criminels qui exploitent les plus vulnérables », l’idée défendue par le gouvernement italien de détruire les bateaux tant qu’ils sont encore vides en Libye « n’est pas la bonne méthode », a estimé M. Ban, en redoutant les conséquences sur l’économie locale autour de la pêche. (Source : AFP)

Communiqué de presse du HCR en date du 30 avril 2015, suite aux rencontres du Haut-Commissaire, M. Guterres, avec le Ministre des Affaires étrangères et du développement international, M. Fabius, et le Ministre de l’intérieur, M. Cazeneuve.

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