Assemblée plénière des évêques à Lourdes

capture_Georges_Pontier_KTOMgr Georges Pontier, archevêque de Marseille et Président de la Conférence des évêques de France, a ouvert le 15 mars l’Assemblée plénière des évêques (Lourdes, 15-18 mars 2016). Dans son discours d’ouverture, Mgr Pontier a évoqué longuement les réfugiés et les migrants.

« Cette Année de la miséricorde marque la manière dont nous regardons ce qui se passe dans notre pays et ailleurs. Nous voudrions annoncer partout le Dieu miséricordieux, proche, débordant de compassion. Le Pape François nous encourage toujours en ce sens. Il écrit encore « Au cours de ce jubilé, l’Église sera encore davantage appelée à soigner ces blessures, à les soulager avec l’huile de la consolation, à les panser avec la miséricorde et à les soigner par la solidarité et l’attention » Et il poursuit en parlant des blessures de tant de frères et de sœurs : «  Que nos mains serrent leurs mains et les attirent vers nous afin qu’ils sentent la chaleur de notre présence, de l’amitié et de la fraternité. Que leur cri devienne le nôtre et qu’ensemble nous puissions briser la barrière d’indifférence qui règne souvent en souveraine pour cacher l’hypocrisie et l’égoïsme» (n°15).
Depuis des mois la réalité de l’arrivée de réfugiés en Europe est l’objet de débats tendus et contradictoires. On le comprend, tellement la question est complexe. Elle affecte les pays européens de manières diverses. A dire vrai, elle frappe d’abord ces milliers et milliers d’hommes, de femmes, d’enfants qui fuient la guerre, la misère, la mort. La peur, le danger, la survie les ont fait fuir leur pays, et s’arracher à leurs racines. Beaucoup meurent  sur le parcours d’un avenir rêvé ou bien se retrouvent entre les mains de passeurs sans scrupules. Ceux qui survivent découvrent les entraves mises à la poursuite de leur projet.
Nous voyons bien que les réponses à ce défi sont multiformes. Elles nécessitent une analyse précise. Le concept de « migrants » est devenu englobant : il rassemble sous son nom désormais négatif des réfugiés politiques ou économiques, des populations européennes se déplaçant en son sein, des étudiants étrangers et d’autres encore. Elles sont essentiellement d’ordre politique et de politique mondiale pour rétablir les conditions de la paix dans les pays d’origine. L’Europe, pour sa part, a du mal à trouver des solutions concertées, justes, loin des égoïsmes nationaux qui empêchent les solidarités nécessaires de prendre forme. Le 17 mars aura lieu un prochain sommet entre les dirigeants de l’union Européenne et de la Turquie. Nous voulons redire avec force qu’il ne peut y avoir de solutions qu’humaines, respectueuses des droits de l’homme et qui ne traitent pas les migrants comme une monnaie d’échange ou des pions que l’on pourrait manipuler au gré des intérêts des gouvernements. Il s’agit là d’une question de solidarité et de justice. Les réponses sont enfin de l’ordre de l’engagement des  populations européennes. Sont-elles prêtes à accueillir ? L’appel du Pape François voici quelques mois a été entendu dans nos communautés paroissiales et plus largement encore. Beaucoup se sont mis en mouvement pour vivre cet accueil. A ce jour peu de réfugiés sont venus en France.  Un élan de générosité et de solidarité serait conforme à notre histoire et à notre foi chrétienne. Nous ne pouvons pas renvoyer l’image d’une Europe repliée sur elle-même et sur ses seuls intérêts. On ne peut pas parler des valeurs auxquelles nous tenons sans les vivre. La ville de Calais cristallise bien des défis en ce domaine, tellement les partenaires pour advenir à des solutions humaines sont multiples. Des avancées sont faites. Des marches en arrière aussi. La population locale est courageuse et généreuse. De belles histoires d’accueil mériteraient de faire la une de nos journaux nationaux ! Nous encourageons les nombreux chrétiens engagés dans cette présence active. » Dans son discours d’ouverture, Mgr Pontier a rappelé de nouveau la communion et la solidarité avec les chrétiens persécutés :
« Comment ne pas penser en tout premier à nos frères chrétiens qui, dans le monde, vivent aujourd’hui réellement dans leur chair le mystère pascal : en Irak, en Syrie, au Nigéria, dans d’autres pays d’Afrique et d’Asie particulièrement ?  Comment ne pas penser à nos frères Patriarches et évêques de ces Églises qui par leur ministère accompagnent leurs fidèles, encouragent leur témoignage, fortifient leur espérance ? Nous sommes proches d’eux par la prière et par l’action. Nous soutenons de manières diverses des projets en leur faveur et tout spécialement celui de la formation universitaire de 400 étudiants à Kirkouk, projet mené sous la conduite du Patriarche sa Béatitude Mgr Louis-Raphaël 1er Sako et de Mgr Yousif-Thomas Mirkis, évêque de Kirkouk et Souleymanieh. Nous voulons par-là parier avec eux sur l’avenir au cœur d’une nuit obscure.
Une fois encore nous voulons en appeler à la communauté internationale pour qu’elle s’engage toujours plus réellement et efficacement dans la résolution politique durable de ces conflits qu’elle a parfois contribué à créer.  Des milliers, des centaines de milliers de morts, de déplacés, de désespérés, de vies sacrifiées ! Et que dire de l’action satanique de ce prétendu État Islamique, Daesh, qui par la violence et même au nom de Dieu fait régner la mort et la tyrannie sur ceux qui lui sont soumis ? Pire encore il fourvoie des jeunes de tous pays en leur faisant miroiter un idéal de salut qui passe par leur mort et qui n’est qu’au service de l’aboutissement des ambitions orgueilleuses, inhumaines et cruelles de ses responsables ! Les populations déplacées, chassées de leur terre ancestrale attendent le jour béni de la paix où la vie pourra reprendre en toute sécurité et liberté. Aujourd’hui, elles sont accueillies en tout premier dans les pays voisins, souvent eux-mêmes dans des situations fragiles, où elles connaissent des sorts variés. Il nous faut rendre hommage aux responsables de ces pays, aux populations locales, aux associations internationales qui œuvrent pour leur fournir des conditions de vie les moins éprouvantes possibles. Nous ne pouvons pas dire que nous ne savons pas. Nous en appelons à un sursaut de conscience et à des initiatives concertées et respectueuses de la vie des populations locales. Nous nous réjouissons des perspectives de dialogue en Syrie. Nous en appelons aux responsables de notre pays pour qu’ils soient moteurs dans cette recherche de la paix dans ces régions. » (Intégralité du discours d’ouverture)

A l’issue de leur Assemblée plénière, les évêques ont publié un message sur la situation des chrétiens d’Orient : « Avec nos frères Chrétiens d’Orient, nous redisons l’urgence d’agir » (Intégralité du message sur le site de la CEF)

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