Redécouvrir le don de l’hospitalité : Rencontre européenne à Madrid

RenLe P. Carlos Caetano à Madridcontre des évêques et des délégués responsables pour la pastorale des migrants des Conférences épiscopales en Europe, les 26-27 septembre 2016.

S’il est vrai que les gens connaissent de plus en plus le drame de milliers de migrants qui, chaque jour, risquent leurs vies pour atteindre le territoire européen en traversant la mer Méditerranée sur des barcasses et le désert dans de longues marches de la mort, il est tout aussi vrai qu’ils connaissent moins les histoires de générosité, de partage et d’accueil authentique qui accompagne le phénomène migratoire de ces derniers temps. Après l’urgence de l’accueil, l’Eglise catholique est fortement engagée dans l’urgence liée à l’intégration de milliers de migrants.

A Madrid, les évêques et les délégués responsables pour la pastorale des migrants en Europe ont parlé des ‘modèles’ d’intégration, des bonnes pratiques et des défis auxquels la société européenne doit faire face.

Après avoir abordé le thème de l’accueil en 2015, les directeurs nationaux pour la pastorale des migrants ont voulu se pencher, en cette année de la Miséricorde, sur le défi de l’intégration. La rencontre a eu lieu à Madrid du 26 au 27 septembre suite à l’invitation de l’évêque de Albacete, Mgr. Ciriaco Benavente Mateos, Président de la Commission épiscopale pour les migrations de la Conférence épiscopale espagnole.

L’intégration des migrants et des réfugiés est un phénomène complexe et multiforme pour lequel il n’y a pas un seul modèle à adopter: nombreuses sont les expériences liées aux exigences et aux possibilités du territoire d’accueil. L’Eglise catholique, tel que le témoignent les participants, est engagée dans tous les pays avec un bon nombre d’activités et de programmes. Toutefois, aussi bien l’accueil que l’intégration ne sont pas des matières réservées à un secteur spécifique de la société civile et/ou aux institutions ecclésiales, mais elles concernent toute la société car c’est la personne toute entière, dans son intégrité – c’est à dire en tant que personne qui a besoin d’un travail, d’un logement, mais aussi de l’amour d’une famille et d’un support spirituel – qui doit être accueillie. Ce n’est pas une question qui concerne uniquement le migrant ou demandeur d’asile, car c’est quelque chose qui met en jeu également la responsabilité et la capacité de la communauté d’accueil, qui est appelée à faire place à la diversité.

Dans son approche, l’Eglise essaye toujours de promouvoir cette double dimension avec un travail qui tienne compte aussi bien des exigences du migrant, dans son intégralité et dignité de personne humaine, que de celles de la communauté d’accueil. Les murs, avant d’être des réalités physiques, sont des murs qui s’élèvent dans le cœur des hommes. En fait, l’ignorance et la peur sont les premiers obstacles à surmonter. Les gens doivent être en mesure de comprendre ce qu’est un réfugié, ce que veut dire avoir toute sa vie dans un petit sac à dos. Ainsi, il est clair que le véritable défi de l’intégration passe, avant tout, par un travail d’éducation de toute la société. Il faut éduquer les gens au dialogue et à la rencontre. En effet, le fait de rencontrer un personne différente de soi, si cela se fait dans les meilleures dispositions, c’est toujours quelque chose d’enrichissant qui s’insère dans l’optique de l’échange de dons.

Cet accompagnement des communautés accueillantes doit se faire en accord avec toutes les instances sociales et ecclésiales présentes sur le territoire. Seule une éducation à la rencontre et au dialogue permettra d’éradiquer les craintes injustifiées, souvent soutenues par des stéréotypes et des clichés qui ne font qu’alimenter, en Europe, des sentiments xénophobes.

Parmi les expériences que les participants ont analysé, l’instrument pédagogique pastoral privilégié pour promouvoir une véritable intégration semble être celui qui consiste à « faire ensemble ». C’est en ‘faisant ensemble’ des actions et des activités concrètes que le migrant et la communauté d’accueil se perçoivent comme étant une seule et même entité. Dans l’esprit de l’année de la Miséricorde, les directeurs nationaux ont également parlé de la nécessité de redécouvrir le sens et la valeur de l’hospitalité qui aide les chrétiens à mieux répondre au défi de l’intégration. En ce sens, la paroisse représente sans aucun doute un espace privilégié où la véritable pédagogie de la rencontre et du dialogue peut s’épanouir. Par ses différentes facettes, la communauté paroissiale peut devenir un gymnase de l’accueil, un lieu où se fait l’échange des expériences et des dons : c’est la source de cohabitation pacifique que tous souhaitent.

A Madrid, les directeurs nationaux ont également abordé un certain nombre de sujets qu’ils avaient déjà pris en compte de par le passé mais qui sont encore actuels, tels que la traite des êtres humains (avec le travail du Santa Marta Group), la présence des immigrés catholiques chinois en Europe et la dynamique de l’évangélisation des chinois en Europe.

Les participants, en compagnie d’une délégation diocésaine pour la pastorale des migrants de Madrid, ont célébré l’Eucharistie dans la paroisse de “Sainte Marie du Silence”. La célébration a été animée par un chœur africain et présidée par l’Archevêque de la ville, S.E. Mgr. Carlos Osoro Sierra. Ensuite, ils se sont rendus au centre d’accueil des pères Jésuites « Saint Ignace » où ils ont rencontré un grand groupe de jeunes africains. Ceci leur a permis d’apprécier concrètement les différentes initiatives mises sur pied par ce centre pour promouvoir l’intégration, notamment par le biais du travail et de l’éducation.

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