Face aux murs d’égoïsme, l’Eglise réaffirme une éthique de l’accueil

« Éduquer les cœurs pour secourir ceux qui souffrent ». Face aux crises humanitaires qui sévissent aux portes de l’Europe, l’Eglise réaffirme l’éthique de l’accueil qui au cœur de la foi chrétienne à travers des déclarations nationales, européennes et mondiales.

Le jeudi 30 juin, l’épiscopat catholique polonais s’est associé aux autres églises chrétiennes en Pologne en déclarant que « les peuples de l’Europe doivent maintenant faire face au grand défi de la crise migratoire ». Les représentants chrétiens polonais sont préoccupés par la « polarisation des positions quant à l’efficacité des méthodes adoptées pour gérer la crise migratoire. La tâche des Églises est d’éduquer les cœurs pour secourir les souffrants, ceux qui fuient la guerre, les persécutions, avec des œuvres concrètes de miséricorde. » Le message souligne que la défense de la tradition de l’hospitalité est en Pologne l’expression de la sensibilité chrétienne et celle de la tradition nationale. Les représentants ont également insisté sur la nécessité de prier pour la paix et d’appeler sans cesse à la conscience des gouvernements.

En France, le Conseil Permanent de la Conférence des Evêques de France a aussi exprimé son inquiétude face aux conditions d’accueil et aux stratégies d’intégration prévues pour les migrants : « Mais plus largement que l’accueil des réfugiés, nous devons nous interroger sur la manière dont nous traitons des migrants arrivés dans notre pays depuis plusieurs années. Est-il aujourd’hui tolérable que des milliers d’hommes de femmes et d’enfants vivent sur notre territoire dans des conditions trop souvent inhumaines ? »

L’importance de l’intégration a aussi été soulevée lors de la 44ème Rencontre des Secrétaires généraux des Conférences épiscopales d’Europe. Lors de cette rencontre, qui a eu lieu à Berlin du 30 juin au 3 juillet, les secrétaires généraux ont rappelé que la solidarité de l’Eglise à l’égard des migrants et des réfugiés s’exprime non seulement dans les nombreuses expériences d’accueil et d’intégration promues par l’Eglise, mais également dans son implication au niveau des rapports avec les Etats : « L’examen attentif des différentes politiques migratoires de l’Europe paraît montrer qu’elles s’inspirent surtout d’une lecture économique du phénomène. Nous ne pouvons pas continuer à faire face à ce défi en nous limitant à adopter de simples politiques de redistribution. Il faut avoir le courage de s’attaquer aux causes qui sont à l’origine de ce phénomène, et accompagner avec responsabilité la question de l’intégration. L’histoire de l’Europe est une histoire de migrations. »

Finalement, dans un message vidéo diffusé le 2 juillet pour un congrès européen chrétien à Munich, le pape François a fustigé les « murs d’égoïsme politique et économique, des murs faits de peur, d’agressivité, de manque de compréhension envers les personnes d’origines ou de religion différentes ». Face à ces défis, le Pape a appelé les mouvements chrétiens à aider à construire « des laboratoires de communion, d’amitié et de fraternité capables d’intégrer, ouverts au monde entier ».
Image