Situation dramatique à Calais

30 octobre 2015 : La "nouvelle jungle", le camp de réfugiés à Calais.

30 octobre 2015 : La « nouvelle jungle », le camp de réfugiés à Calais.

Dans un communiqué du 7 août, le Haut-Commissaire pour les réfugiés (HCR) a demandé une réponse exceptionnelle à la situation extrêmement préoccupante à Calais.

On estime à 3 000 le nombre actuel de réfugiés et de migrants à Calais et sur la côte du nord de la France – soit quasiment le même nombre qu’en novembre dernier. Parmi eux, nombreux ont besoin d’une protection internationale – ce sont des réfugiés qui ont fui le conflit, la violence et la persécution en Afghanistan, en Erythrée, en Somalie, au Soudan et en Syrie. Le HCR demeure gravement préoccupé par leurs conditions de vie et d’accueil épouvantables dans des sites de fortune aux alentours de Calais.

Le nombre croissant de victimes, au moins 10 depuis début juin, parmi les réfugiés et les migrants qui tentent de franchir la Manche entre Calais et le Royaume-Uni est extrêmement préoccupant.

Le HCR réitère son appel, lancé depuis l’été 2014, en faveur d’une réponse urgente, globale et durable – émanant avant tout des autorités françaises – face à l’aggravation de la crise de l’asile et des conditions d’accueil pour les réfugiés et les migrants à Calais. Nous appelons également le Royaume-Uni et les autres Etats membres de l’UE à coopérer avec les autorités françaises compétentes afin de trouver des solutions pour les personnes ayant besoin d’une protection internationale.

Source : Extraits du communiqué du HCR du 7 août 2015

Mgr Marc Stenger, évêque de Troyes et Président de Pax Christi France, appelle à se « réveiller » face à la situation dramatique des migrants et réfugiés aujourd’hui.

« Quand un tunnel sous la mer reliant deux pays – étonnante réussite technologique – devient un lieu de tension, de violence et de mort, il est temps pour nous de nous réveiller. Ces hommes et ces femmes qui s’entassent dans les « no man’s land » autour de la ville de Calais, attendant de passer clandestinement en Angleterre ne sont pas des meurtriers ni des terroristes. Souvent jeunes, ils ont, depuis des mois, risqué le tout pour le tout, pour trouver une vie meilleure, loin des conflits et des persécutions de leurs terres d’origines.

Si prendre des mesures de sécurité et de contrôle est légitime, Pax Christi France considère que la question des migrants ne pourra pas se régler uniquement par de tels ajustements techniques. Le risque est toujours grand d’oublier que nous avons à faire à des êtres humains qui ont une histoire et une dignité. Et non pas à des chiffres dans des colonnes statistiques.

Ce que les violences à Calais révèlent, c’est d’abord le manque de cohérence dans nos politiques d’accueil et nos législations du travail sur ce continent. Qui sont les responsables politiques français ou européens qui œuvrent activement pour changer cela ?

Ce que les violences à Calais révèlent, c’est aussi notre difficulté à prendre les moyens financiers et humains pour accueillir de manière adaptée ces populations. Déplacer les camps roms par la force, multiplier les centres de rétention administrative particulièrement hermétiques au travail des associations humanitaires, laisser des personnes se marginaliser dans les zones de passage et les frontières, répartir les migrants politiques sous forme de quotas, c’est refuser de chercher des solutions nouvelles d’intégration ici ou de résolution des conflits là-bas qui pourraient changer vraiment la donne.

Ce que les violences à Calais révèlent, c’est l’existence de flux d’exils de populations venus de Syrie, du Sud-Soudan, d’Erythrée et d’autres zones de conflits et de non-droit bien connus. Ils révèlent aussi l’existence de réseaux de passeurs qui organisent ces filières de la misère, par la contrainte, la violence et le vol. Sommes-nous sûr de faire assez, en termes de diplomatie, de négociations et de décisions pour cesser d’alimenter les trafics d’armes ou de ressources naturelles qui entretiennent ces filières et sèment l’anarchie dans ces terres d’émigration ?

Ce que les violences à Calais révèlent, enfin, c’est aussi l’existence de nombreuses personnes sur place qui luttent, à leur mesure, pour donner à manger, offrir une douche ou un lieu de repos à ces personnes en exil. D’autres développent des projets nouveaux pour aider ces personnes à trouver leur place parmi nous, dans des villes ou des villages où ils pourront apporter leur énergie et leur humanité, au service de tous. Pax Christi France veut leur rendre hommage et soutenir ces initiatives. »

Source : Note de Pax Christi du 31 juillet 2015

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