Visite de Mgr Pontier et une délégation de la CEF à Calais

17 mai 2016 : Visite de Mgr Georges Pontier, archevêque de Marseille et Président de la Conférence des évêques de France (CEF), accompagné de Mgr Jean-Paul Jaeger, évêque d’Arras, dans le camp de réfugiés la "Jungle", à Calais (62).

17 mai 2016 : Visite de Mgr Georges Pontier, archevêque de Marseille et Président de la Conférence des évêques de France, accompagné de Mgr Jean-Paul Jaeger, évêque d’Arras, dans le camp de réfugiés la « Jungle », à Calais (62).

« J’étais un étranger, et vous m’avez accueilli » : l’Evangile en actes

Une délégation de l’Eglise en France menée par Mgr Georges Pontier, archevêque de Marseille et président de la Conférence des Evêques de France, a fait le déplacement à Calais, jeudi 12 mai, afin de rencontrer les migrants et d’observer la situation sur place. Il était accompagné par Mgr Jean-Paul Jaeger, évêque d’Arras, Mgr Jacques Blaquart, évêque d’Orléans et président du conseil pour la solidarité et Mgr Renauld de Dinechin, évêque de Soissons et responsable de la pastorale des migrants.

Face à la question des migrations au centre de l’actualité dans le monde et dans notre pays, une visite a été souhaitée : « C’est une réalité actuelle » a insisté Mgr Pontier, de retour d’un voyage en Irak, où il a pu voir une autre facette de la situation migratoire. Monseigneur Pontier et avec lui toute l’Eglise en France a voulu à Calais « se rendre plus proche d’un endroit emblématique de ce qui se vit dans notre pays. »

Ecouter et voir

« Ecouter et voir » sont les deux maîtres mots de la journée. A son arrivée, la délégation a pris la route de La Jungle, cet espace aux abords de la ville de Calais où sont rassemblés plusieurs milliers de migrants. Les évêques ont pu poser leurs yeux sur la situation vécue à l’intérieur de ce camp en allant à la rencontre de migrants. Une poignée de main, un échange amical, un sourire, un bonjour : « Ce ne sont pas des articles de journaux ni des reportages, c’est la réalité » a insisté Mgr Pontier à plusieurs reprises pendant la visite.

A l’invitation spontanée de quelques migrants soudanais, le partage d’une tasse de thé a été l’occasion d’entendre ces témoignages d’hommes souvent très jeunes venus de pays en guerre et ayant pris de nombreux risques pour arriver jusqu’à Calais. Face à l’organisation de La Jungle, sortant d’un abri aménagé par les migrants pour recevoir quelques personnes autour du feu servant également de lieu de cuisson, Mgr Pontier et Mgr Jaeger ont été étonnés par la capacité de ces personnes « à rebondir, ne pas se laisser abattre » en remarquant également que leur foi les aide à tenir dans cette épreuve.

L’après-midi était consacré à l’écoute des paroissiens et des bénévoles actifs auprès des migrants sillonnant régulièrement le camp, apportant vêtements, thé, nourriture et présence. « Nous le voyons à travers le prisme des médias mais vous, vous le vivez … » a déclaré Mgr Pontier au début de la rencontre avant de poursuivre : « Nous voulons vous écouter. Qu’est-ce que cela produit en vous ? Comment le vivez-vous ? ». Les échanges furent cordiaux. Chacun pouvant apporter son propre témoignage. Les paroissiens se rejoignent pour dire que cette expérience les fait grandir dans la foi en allant rencontrer le Christ dans le visage des frères les plus petits. Les évêques furent marqués par cette implication de tant de monde, ce réseau de bénévoles, mais aussi frappés par la durée de l’engagement … certains depuis plus de vingt ans. Ils ont également souligné l’engagement de l’Etat, même si celui-ci reste insuffisant face à la situation.

Remercier et faire changer les regards

« Merci », ce mot est revenu à plusieurs reprises dans la journée à l’égard de ceux qui sont engagés auprès de ces milliers de personnes fuyant leur pays. « Ce sont tous les évêques de France qui vous disent leur reconnaissance et leur admiration. On parle rarement, dans les médias, de tout le beau travail fait au quotidien depuis plus de vingt ans par toute une série de bénévoles anonymes qui, avec persévérance, transforment les difficultés et les épreuves pour que puissent en jaillir les flammes de l’espérance, de la fraternité, de la paix et du rassemblement de la famille humaine dans sa diversité. C’est un peu le miracle calaisien dont on aimerait que l’on parle un peu plus souvent dans les médias » a lancé Mgr Jaeger aux quelques bénévoles et paroissiens à la fin de l’Eucharistie célébrée par l’archevêque de Marseille en l’église Saint-Pierre de Calais, clôturant la journée.

Malgré une « visite rapide », comme l’a souligné Mgr Pontier, « nous voulons encourager tout le monde à venir se laisser toucher par cette situation ». Les évêques invitent chacun de nous à se déplacer pour juger la situation calaisienne en venant voir de nos yeux, en écoutant de nos oreilles et en foulant cette terre avec nos pieds et montrer que ces personnes ne sont pas abandonnées comme eux l’ont fait.

Depuis plus de vingt ans, Calais est un lieu où se regroupent des milliers de migrants tentant de passer vers l’Angleterre. En se rendant sur place et par le dévouement de tant de bénévoles, les évêques ont souhaités que notre regard change sur la situation migratoire face « aux futilités de nos vies ».

En cette année de la Miséricorde, écoutons le Christ nous redire : « J’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi ! … Chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait. » (Matthieu 25, 35-36, 45)

Pierre DEVEAUX (SNEJV)

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