Paroles de migrants pour l’Avent : « Accueillir »

Jeff NoëlPour les quatre semaines du temps de l’Avent, des migrants partagent leur expérience des 4 verbes donnés par le pape François.

Jeff N. : « Accueillir Jésus dans ma vie »

Né à Port-au-Prince, Jeff N., 31 ans, est séminariste scalabrinien, en année pastorale à Paris et bénévole au SNPMPI. A travers ses différentes expériences d’accueil, il expérimente comment l’unité et la diversité peuvent se combiner.

A mon humble avis, la migration n’est pas un phénomène marginal qui exige des réponses urgentes, mais c’est plutôt un phénomène structurel qui implique un engagement commun de toutes les nations, en fonction de la réalité sociale des pays  de destination de la migration et des pays d’origine. A la base de cet engagement, le protagoniste  n’est pas le chiffre ou le nombre mais bien la personne humaine. Ce saut qualitatif permettrait d’éviter d’aborder seulement le flux migratoire en terme de « chiffre » pour pouvoir valoriser la singulière « personne » du migrant dans l’accueil.

Accueillir, déjà dans son étymologie, contient tout un programme de vie. Il vient du mot latin, ad-cum-lego, c’est-à-dire « recueillir ensemble vers. » Et donc dans le mot même, il y a la description d’un acte en soi d’ouverture vers un but commun. Parler de l’accueil dans le secteur migratoire de la société française serait sans doute un sujet de grande actualité. La France, comme plusieurs autres pays du Nord, se trouve sollicitée par le phénomène migratoire. Une sollicitation qui, parfois, suscite des réactions contrastées chez les Français. Comment penser l’accueil ?

Accueillir signifie de fait protéger, promouvoir et intégrer

On ne saurait parler de l’accueil des migrants sans évoquer l’éminente figure du pape François pour qui le magistère se révèle très riche en pensée et en action en faveur des migrants et des refugiés. En effet, le 14 janvier 2018, pour la « Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié », dans son message, il évoquait 4 verbes qui, sans doute, valent aussi pour la réalité française : « Accueillir, protéger, promouvoir et intégrer ». Disons que même si le verbe accueillir est cité à côté des 3 autres, selon moi, il les englobe tous et en constitue l’élément central. On dirait donc qu’accueillir signifie de fait protéger, promouvoir et intégrer.

Parlant particulièrement de l’accueil, le Pape le réclame en termes de « impératif moral », le voulant « responsable et digne », dans des lieux adéquats et convenables. Il préconise un accueil qui protège les droits inaliénables, les libertés fondamentales et la dignité de la personne. Un accueil intégral qui part de l’arrivée à l’intégration (qui n’est ni assimilation ni incorporation, mais plutôt un processus de reconnaissance mutuelle de la richesse culturelle de l’autre). En ce 2ème dimanche du temps de l’Avent, pour que Noël soit une fête, il faut aussi accueillir Jésus, disait le Saint-Père François. Dans la quotidienneté, par l’Esprit Saint, chacun a sa façon d’accueillir ou de vivre en action la parole de Jésus. Notre entourage dans un premier moment est un contexte qui peut aider à faire le premier pas vers Lui. C’est ainsi que j’ai commencé mon chemin vers l’Église et à accueillir Jésus dans ma vie. Mon nom est Jeff N., né à Port-au-Prince (Haïti) en 1986.

Fils unique d’une famille chrétienne.

Avant d’entrer au séminaire à Port-au-Prince avec les Scalabriniens, à l’âge de vingt-deux ans, j’ai vécu d’une manière un peu semblable à beaucoup de jeunes de mon âge : amis,  études et projets d’avenir. Après 4 ans d’études professionnelles, comme mon père, en électrotechnique (Canado technique) et 1 an de cheminement vocationnel puis, un jour, je suis entré au séminaire, en août 2008.

Combiner unité et diversité dans la vie religieuse

Au début, ce n’était pas une expérience facile pour moi. Nous étions 4 nationalités différentes (brésilienne, colombienne, haïtienne, italienne) mais avec le temps, j’ai commencé à vivre et comprendre comment l’unité et la diversité peuvent se combiner aussi ensemble dans la vie religieuse pour accueillir Jésus au service de l’Eglise, à travers les autres. Après mes études de philosophie, j’ai continué ma formation à Bogotá, en Colombie, puis au Mexique, à Tijuana, entre la frontière des États-Unis et du Mexique, où j’ai fait trois mois de postulat dans une maison d’accueil scalabrinienne, en donnant une attention particulière aux besoins sociaux des migrants et des réfugiés d’Amérique du sud. Une expérience qui m’a beaucoup aidé à grandir et à accueillir la diversité dans la liberté, comme une opportunité d’enrichissement dans mon processus vocationnel. Après le noviciat, j’ai laissé le Mexique pour aller en Italie, où j’ai étudié pendant un bon moment la théologie.

Depuis deux mois, je suis en train de faire une expérience pastorale à Paris, à l’église Saint-Bernard de la Chapelle, où dans la prière, dans l’action et l’humilité, j’ai continué à accueillir la volonté de Dieu et à rencontrer Jésus à travers les plus nécessiteux, les plus démunis. « J’ai eu faim et vous m’avez donné à manger, j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire, j’étais un étranger et vous m’avez accueilli » (Matthieu 25, 35). « Il est venu chez les siens, et les siens ne l’ont pas accueilli. Mais à tous ceux qui l’ont accueilli, il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu.» (Jean 1, 11-12). Travaillons donc la main dans la main pour l’accueil de nos frères et sœurs en humanité, les migrants.

VIVE L’ACCUEIL À NOЁL !!!!!

Image

Sur le même thème