« Migrants et réfugiés: il s’agit de nous ! » par Michel Scotet

Michel Scotet, diacre, délégué à la pastorale des migrants du diocèse de Verdun.

Michel Scotet, diacre, délégué à la pastorale des migrants du diocèse de Verdun.

Edito de Michel Scotet, diacre, délégué diocésain à la pastorale des migrants, paru dans Eglise de Verdun (N°16 – Septembre 2019).

L’Eglise dans le monde célèbre ce dimanche 29 septembre 2019 la Journée Mondiale du Migrant et du Refugié, et à cette occasion, le message du pape François intitulé  « Il ne s’agit pas seulement de migrants » nous  renvoie aux ressorts profonds qui nous animent, à un questionnement sur ce qui nous motive réellement, comme humain, et bien sûr comme chrétien. Cela rappelle le « Qu’as-tu fait de ton baptême ? » ou la question de Jésus en Luc 18-8 : « Le Fils de l’Homme quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? »

Le migrant et le refugié, comme tous ceux qui sont en situation de grande vulnérabilité : le malade, l’exclus, le marginal, provoquent inévitablement une réaction  de peur, de repli, c’est tout à fait naturel. Mais nous ne devons pas céder à l’intolérance, au rejet, au racisme. Accepter la rencontre de l’autre différent nous rend davantage capable d’une rencontre vraie avec le Christ, développe en nous notre humanité, contribue à rendre le monde plus juste, plus fraternel, et plus durable.

La vie chrétienne est un combat contre les forces du mal, les idoles qui nous asservissent, le découragement, l’indifférence.

Notre époque est marquée par de profonds changements, avec la mondialisation, l’augmentation des mobilités humaines, sur un fond d’inégalité récurrente entre nord et sud : au nord la stabilité, l’opulence, au sud misère corruption, exploitation des ressources au profit du nord,  guerres alimentées par des armes venues du nord. Ces fléaux produisent des réfugiés, dont une petite partie se rend au nord. Mais le nord élève des murs et regarde ailleurs…

Reconnaître la souffrance de l’autre, laisser place à la compassion, qui doit ensuite se transformer en action, c’est se faire le prochain de l’autre, comme Jésus nous l’enseigne par la parabole du Samaritain. Cela demande un changement de perspective, une conversion. Passer du « moi d’abord » qui ne cherche que son propre intérêt et relègue les autres au statut d’objets encombrants, de problèmes à traiter, à une vraie charité, charité qui découle de la foi.

Jésus a dit : « Je suis venu pour la vie et qu’ils l’aient en abondance » : il s’agit de toute la personne et de toutes les personnes.

Ainsi à travers le réfugié qui frappe à notre porte, c’est le Seigneur qui nous appelle à une conversion, à une libération, à une réappropriation de notre vie chrétienne, pour notre bien, celui de tous les hommes, celui du monde selon le projet de Dieu.

Il ne s’agit pas seulement de migrants, il s’agit aussi de nous, dans notre ville ou notre village dans notre paroisse, notre association, notre mouvement, de lutter contre les peurs, d’accepter la rencontre, de prendre notre petite part pour un monde meilleur.

Michel SCOTET, diacre, délégué à la pastorale des migrants pour le diocèse de Verdun

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