Comment répondre aux manifestations de superstition ?

Les bols chantants, objets du quotidien ou instruments des chamanes himalayens utilisés à des fins magico-religieuses ?

Les bols chantants, objets du quotidien ou instruments des chamanes himalayens utilisés à des fins magico-religieuses ?

Des croyances, voire des pratiques superstitieuses, connues dans les pays d’origine, peuvent, dans l’émigration, retrouver une nouvelle vigueur. Parfois, elles font office de technique individuelle de compensation, face à des antagonismes indépassables autrement.

Des croyances superstitieuses ne sont pas seulement une affaire individuelle. Elles ont leur racine dans la manière de penser d’une culture et dans son approche spécifique du monde et de la vie. Dans l’accompagnement, le respect et la médiation sont importants.

Comment se manifeste la superstition ?

  •  La superstition donne une importance quasi magique à certains signes ou pratiques qui prédiraient par leur simple existence une issue heureuse ou funeste. En résulte un attachement excessif à la seule matérialité des prières, des objets ou des signes sacramentels qui, indépendamment des dispositions intérieures des personnes, seraient efficaces.
  •  La superstition fait de Dieu une divinité promettant à qui lui s’y soumet la santé, la prospérité, la réussite en affaires ou encore le succès amoureux. La relation à la divinité est intéressée. Elle cherche à lui faire modifier ses projets, à favoriser les nôtres.
  •  La recherche tous azimuts de bénédictions est souvent la marque de la superstition. On attend de la bénédiction d’objets (même non spécifiquement religieux, comme une maison, une voiture, etc.) qu’elle fasse de l’objet un instrument de protection.
  •  La superstition se traduit souvent par une “déresponsabilisation”. Devant un évènement douloureux (maladie, accident, enfant qui se conduit mal), au lieu de s’interroger sur sa responsabilité (hygiène, prudence, éducation), on impute ces ennuis aux esprits qu’il faut “calmer” avec des sacrifices.
  •  La superstition se traduit également souvent par la “peur”. On est angoissé car on n’est pas certain d’avoir fait tout ce qu’il fallait pour les “esprits” et on redoute qu’ils se vengent en nous faisant du mal. On tombe dans la surenchère d’actes religieux.
  •  La superstition peut être à l’origine de tensions entre le prêtre et les fidèles. Le prêtre qui, pour des raisons spirituelles, veut purifier tel ou tel rite, y pose des exigences ou bien refuse de l’accomplir, est accusé de “détruire la religion”, c’est-à-dire de “trahir la fonction qui est la sienne”.

Comment répondre aux manifestations de superstition ?

  •  Ne pas confondre superstition et religiosité populaire. Si la religiosité populaire peut véhiculer certaines superstitions, elle ne s’y réduit pas. Confondre les deux risquerait de disqualifier la religiosité populaire qui pourtant aide de nombreux migrants à tenir dans la foi au milieu des difficultés de la vie.
  •  Dans l’accompagnement des personnes, il est important d’essayer de comprendre les craintes qui s’expriment à travers la recherche de protection et de sécurité. Chaque demande peut être l’occasion d’ouvrir un dialogue en vérité sur ce sujet.
  •  Plutôt que de refuser a priori telle ou telle bénédiction – attitude qui pourrait être interprétée comme un signe de mauvaise volonté – il est préférable d’en saisir l’occasion pour échanger sur la signification de la bénédiction.
  •  D’une manière générale, approfondir l’image de Dieu tel que nous pouvons le rencontrer dans l’Evangile. En Jésus Christ, Dieu s’est fait proche de l’Homme en partageant sa condition. Il s’est fait chair pour nous donner la vie, la vie en abondance (cf. Jn 10,10). Insister également sur la gratuité du don de Dieu, sur l’Amour inconditionnel de Dieu et sur la bénédiction de l’Homme par Dieu.
  •  Promouvoir la responsabilité individuelle dans le changement des conditions de vie. Dieu veut des hommes responsables : il leur a donné une intelligence pour comprendre, de la force pour agir et une terre à transformer. Tout ne se fait pas par magie, grâce à une bénédiction.

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