« Au-delà des murs » ou la scène comme espace de dignité pour tous
« Au-delà des murs », la pièce écrite et mise en scène par Françoise Parmentier sera représentée les 15 et 16 novembre 2019, à Paris. Pour la deuxième année consécutive, elle réunit sur scène une soixantaine d’acteurs bénévoles : une quinzaine de personnes réfugiées, des collégiens de Sixième, une danseuse et une mime professionnelles mais aussi des personnes en situation de grande précarité, originaires de Nancy.
« Si on osait la fraternité, le monde en serait changé ». Cette réflexion d’un membre du Secours catholique du Val d’Oise, après avoir vu le spectacle « Au-delà des murs » en 2018, est autant un constat sociétal qu’un appel plein d’espérance, adressé à toutes les personnes de bonne volonté. Car comme l’a souligné le pape François pour la Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié (JMMR) 2019, il ne s’agit pas seulement de migrants.
En effet, le texte de ce spectacle émane de l’écoute et du recueil de la parole de demandeurs d’asile et de réfugiés, rencontrés via le JRS (Service Jésuite des Réfugiés), l’association SINGA et à la Maison des Journalistes (Paris 15e), tout au long de l’été 2017. Ainsi Sœur Marie-Jo Biloa, bien connue pour son action envers les migrants dans le diocèse de Paris, a-t-elle donné son témoignage. Mais il est aussi émaillé de citations d’auteurs dont Jean Debruynne, prêtre de la Mission de France, écrivain et poète, décédé en 2006.
La démarche de la metteure en scène est donc largement inclusive. Et en faisant jouer ensemble des personnes très différentes, la scène est devenue « un espace d’expression et de dignité pour elles-mêmes ».
Sur scène, justement, un grand grillage qui peut s’ouvrir symbolise les camps et les frontières. S’y succèdent des tableaux vivants faisant appel à la danse, la musique, l’improvisation théâtrale… Mannick chante « Un tombeau sous les vagues », évocation des naufrages en Méditerranée. Des portraits de migrants composent une mosaïque de visages. On entend ce cri profond : « Ne laisse jamais ta blessure se refermer. C’est elle qui a fait de toi un homme humain, une femme humaine ».
Qu’as-tu fait de ton frère ? (Genèse 4, 9)
Cette pièce a déjà porté de beaux fruits. La metteure en scène a notamment été invitée à intervenir dans des établissements scolaires. Le groupe de Nancy a ouvert une « laverie solidaire » pour les femmes migrantes. « Merci de nous ouvrir les yeux, la tête, les mains et le cœur sur la fraternité dont notre société a tellement besoin » a pu écrire un des acteurs. Pour promouvoir ce spectacle, Françoise Parmentier emprunte tout naturellement à Jésus cette invitation : « Venez, et vous verrez » (Jean 1, 39).
Billetterie pour la représentation du vendredi 15 novembre à 20h et du samedi 16 novembre à 20h.
Une mission de sensibilisation née d’une prise de conscience personnelle
Etre témoin de la situation des migrants dans la capitale française est pour Françoise Parmentier « insupportable ». « Il y a encore plus de 3000 personnes à la rue » s’indigne-t-elle. Si l’association porteuse du projet est aconfessionnelle, elle sait que ses membres sont largement issus du milieu des Scouts et Guides de France. Elle–même a eu des responsabilités internationales au sein de ce mouvement éducatif catholique. Pour « Confrontations », association d’intellectuels chrétiens qu’elle préside aujourd’hui, elle a coordonné le colloque « Accueillir l’étranger, le défi », en 2017.