« L’Afrique, terre de martyrs », homélie de Mgr Théophile Nare pour l’Epiphanie 2020

AEA-Affiche-Epiphanie-2020Aujourd’hui, 5 janvier, nous célébrons avec toute l’Église la fête de l’Épiphanie, c’est-à-dire la révélation ou la manifestation de Dieu aux hommes. Le mot grec « epifanein » signifie « briller sur ». Avec la naissance de Jésus, une lumière nouvelle a brillé dans l’esprit des hommes, et cette lumière leur permet de mieux savoir qui est Dieu et quels sont ses chemins, ses habitudes, ses mœurs.

En lisant attentivement les évangiles de l’enfance de Jésus, nous nous apercevons qu’il y a deux Épiphanies: l’Épiphanie aux juifs que rapporte l’évangéliste Luc en racontant l’apparition des anges aux bergers, le message qu’ils leur transmettent et le pèlerinage des bergers jusqu’à Bethléem pour voir l’enfant couché dans la mangeoire. Les bergers contemplèrent dans cet enfant le Messie, le Seigneur et Sauveur du monde conformément à la révélation reçue des anges (Lc 2,8-19).

Nous savons que les bergers étaient des pauvres, ils appartenaient à une catégorie sociale méprisée par les docteurs de la Loi parce que leur métier ne leur permettait pas d’observer strictement les prescriptions juridiques de la loi de Moïse, l’étude de la Loi et le repos du sabbat, par exemple. Eh bien, l’épiphanie de Dieu, la nouvelle de la naissance du Sauveur est donnée à ces petites gens sans instruction et non aux prêtres, aux docteurs de la Loi ou aux princes des juifs.

La seconde Épiphanie est celle que l’évangéliste Matthieu raconte dans le texte d’évangile de cette messe (Mt 2, 1-12).

Les Mages étaient les prêtres respectés de la religion de Zoroastre, astrologues et devins de surcroît. Ici,ils représentent toutes les religions étrangères à la Bible et ils tombaient eux aussi sous le jugement méprisant des juifs. C’étaient des païens, des gens qui n’avaient aucune connaissance du vrai Dieu, connaissance considérée comme étant le privilège du seul peuple d’Israël. Or, encore une fois, Dieu crée la surprise: il décide de révéler à ces païens, et non aux juifs, la nouvelle de la naissance de son fils unique, le roi de l’univers et pas seulement le roi des juifs.

Même parmi les païens, Dieu a des amis à qui il révèle ses secrets, à qui il se révèle lui-même. Cette leçon vaut pour tous les temps: Jésus est le Sauveur de tous les peuples et pas seulement de ceux qui font partie de son Église. Il a même une préférence pour les humbles, les petits et ceux qui sont loin.

L’étoile qui guide les Mages nous suggère que Dieu appelle chacun de nous à partir de ce qu’il est et de ce qui l’inspire. Il appelle les pêcheurs après leur pêche; et c’est par une étoile qu’il fait venir les astrologues. Quel que soit le chemin de l’homme, s’il le suit honnêtement, il aboutira à celui qui est le rayonnement de la vérité de Dieu (…).

En cette fête de l’Épiphanie, rendons grâce à Dieu pour la lumière de la foi qu’il nous a donnée et qui nous permet de reconnaître en Jésus Christ le Seigneur et le Sauveur du monde.

Demandons que cette lumière brille dans l’esprit et le cœur d’un nombre toujours plus grand de nos frères et sœurs humains.

Demandons aussi la grâce de l’humilité afin que le Seigneur fasse de nous, comme Il l’a fait des bergers, des témoins éclairés de son mystère de salut.Car Dieu nous appelle à être chacun une étoile, un prophète, non pas pour éblouir les autres mais pour les éclairer.

Soyons aussi attentifs aux cadeaux que les Mages offrent à Jésus: l’or, l’encens et la myrrhe. Beaucoup de docteurs de l’Église, repris par la préface de cette fête de l’Épiphanie, nous expliquent que l’or étant l’emblème des rois, ils offrent de l’or à Jésus en reconnaissance de sa royauté; l’encens est offert à la divinité: les Mages confessent ainsi leur foi en la divinité de l’enfant de Marie; en lui donnant l’huile qui sert à embaumer les morts, la myrrhe, ils prophétisent que Jésus doit mourir afin que soit pleinement révélées sa divinité et sa royauté universelle.

Et nous, aujourd’hui, qu’allons-nous Lui offrir en hommage? Puisse l’Esprit Saint nous inspirer le meilleur cadeau !

Mgr Théophile Nare, évêque de Kaya, au Burkina Faso

JMMR_2019_Kaya_Burkina_FasoJournée Mondiale du Migrant et du Réfugié 2019 à Kaya

La ville de Kaya abrite plus de 40.000 déplacés internes, suite aux attaques terroristes dont la Région du Centre-Nord est le théâtre, depuis bientôt un an. La journée a été marquée par deux grandes actions : la célébration eucharistique et la remise de vivres et de vêtements aux déplacés, en présence des autorités administratives et civiles. Pour Mgr Théophile Nare, « Ce que l’Eglise a de meilleur à offrir aux personnes déplacées dans leur situation actuelle, ce n’est pas le riz, le maïs, les vêtements, ou autre chose de matériel, c’est plutôt l’assurance de la prière des fidèles, afin que Dieu, maître de l’histoire et de nos destinées humaines, fasse cesser les causes de leur migration et les ramène chez eux afin qu’ils reprennent leur vie et leurs activités habituelles ».

Sur le même thème