L’accueil au cœur de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens 2020
« Ils nous ont témoigné une humanité peu ordinaire » (Actes 28,2). Du 18 au 25 janvier 2020, les chrétiens de Malte proposent de prier à partir du naufrage de saint Paul en mer Méditerranée. Pistes de réflexion avec le Père Emmanuel Gougaud, directeur du Service national pour l’unité des chrétiens (SNUC).
Ce récit commence au chapitre 27 des Actes des apôtres. Paul, les fers aux pieds, embarque pour Rome où il sera jugé. C’est alors qu’une tempête se lève… Le texte met en scène plusieurs groupes de personnages. Le Centurion et les soldats romains incarnent le pouvoir et l’autorité mais ils dépendent du capitaine et de son équipage pour la navigation. Les prisonniers, eux, sont enchaînés à fond de cale et courent le risque d’être les premiers noyés, voire exécutés.
« Paul apparaît comme celui qui apporte la paix, explique le Père Gougaud. Confiant, il a accepté de donner sa vie pour le Christ. La paix et l’espérance sont possibles au cœur de la tempête ». La violence des éléments – qui attise celle de chacun à bord – est vaincue par la paix intérieure d’un homme qui la communique autour de lui et qui fait l’unité entre tous. Paul va même partager le pain et tous reprennent courage (Ac 27, 36). C’est donc en faisant corps qu’ils seront sauvés. « Ils ne sont plus des étrangers les uns pour les autres. Ils sont unifiés par la paix de Dieu » analyse-t-il.
Le bateau fait néanmoins naufrage sur une plage de l’île de Malte ! Pour ses habitants, la mer est à la fois un lieu de vie et de mort (pirates, maladies). Pourtant l’auteur précise : « Ils nous ont témoigné une humanité peu ordinaire ». « C’est un signe pour nous aujourd’hui : Dieu, présent en chaque être humain, sauve ce qu’il y a de meilleur en chacun ». « Ils », c’est aussi la Trinité qui ne cesse de témoigner « une humanité peu ordinaire » à tout homme, aimé et choisi par Dieu.
Vivre l’accueil en actes
Dans l’actualité, cette traversée mouvementée de la Méditerranée fait tristement écho aux naufrages des embarcations de migrants en route pour l’Europe. « Nous devons les aider et faire en sorte qu’ils n’aient pas à quitter leur pays » estime le Père Gougaud, qui encourage une vie éthique plus solidaire (commerce équitable) et un changement dans nos modèles économiques, facteurs de nouvelles tempêtes – comprendre « dérèglements climatiques ». Mais d’un point de vue personnel, nous traversons tous des tempêtes et des naufrages (maladie, mort d’un proche, soucis du quotidien, etc.) « C’est un appel à renouveler et à intensifier notre rencontre avec le Christ » souligne-t-il. Enfin, durant la Semaine de prière pour l’unité, l’accueil mutuel entre chrétiens de confessions différentes pourra se vivre sous la forme de visitations entre Eglises.
Claire Rocher (SNPMPI)
Article extrait du Courrier de la pastorale des migrants (n°138 - Octobre 2019)