Disparus en Méditerranée : «Numéro 387» et la campagne #unnompourchacun
« Numéro 387 », documentaire de Madeleine Leroyer, suit le travail du médecin légiste Cristina Cattaneo, auteur de Naufragés sans visage (Albin Michel, 2019). Avec son équipe, l’Italienne tente de retrouver l’identité des migrants qui se sont noyés en mer Méditerranée le 18 avril 2015, à une centaine de kilomètres des côtes libyennes.
Le chalutier égyptien aurait transporté jusqu’à 1000 passagers, originaires principalement du Mali, de Mauritanie et du Sénégal mais aussi de la Corne de l’Afrique, notamment l’Erythrée. Seulement 4 personnes ont échappé à la mort.
La réalisatrice suit notamment le Père Mussie Zerai, lui-même réfugié en Italie. Le prêtre scalabrinien, qui coordonne les communautés catholiques érythréennes pour l’Europe, se rend en Allemagne pour rencontrer un survivant érythréen. Ce moment d’émotion est filmé avec respect, comme à chaque fois que les témoignages sont denses.
On retiendra aussi les traces sur un mur d’une « bibliothèque fantôme » qui dit « la présence de l’absence » avec poésie. Car ce film, qui s’adresse d’abord aux vivants, fera justice aux familles qui ne peuvent pas faire leur deuil et aux morts, dont les espoirs se sont brisés sur la route. Une fois identifiés, les corps pourront être rapatriés.
Au 24 novembre 2019, 1.136 décès avaient été enregistrés en Méditerranée, dont 740 sur la seule route centrale de la Méditerranée (Italie et Malte), selon un communiqué de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Si en 2018, l’agence onusienne avait recensé 2.188 décès confirmés, cette route reste néanmoins « la traversée maritime la plus meurtrière de la planète ».
#unnompourchacun, lancement le 4 mars
Au final, l’enquête n’a permis d’identifier que deux Erythréens parmi tous les disparus. C’est pourquoi la réalisatrice a décidé de lancer une campagne. Grâce à des projections de cinéma mobile dans les pays de départ, de transit et d’arrivée des migrants, l’équipe souhaite encourager les efforts d’identification et promouvoir « le droit des familles à savoir ». En filmant les familles, la réalisatrice espère faire « le portrait choral d’une génération disparue ».