Les Patriarches, ces étrangers fondateurs
L’épopée des Patriarches se situe entre le XIXème et le XIVème siècle avant J.C., mais est le fruit d’une relecture biblique d’après l’exil (VI siècle) quand la Palestine dépend politiquement de différents empires, dont le persan, qui a permis à certains déportés dans le Croissant fertile1 de rentrer à Jérusalem.
Ces étrangers dont on raconte les histoires, sont ainsi identifiés comme les fondateurs du peuple d’Israël, le nouveau peuple de Dieu. En effet, le terme « patriarches » désigne, proprement, les trois pères fondateurs du peuple juif : Abraham, Isaac et Jacob. Leur vie est marquée par des pérégrinations dans les régions du Néguev et de Sichem. Leur première fonction est de peupler la terre avec leurs descendances. Ils sont membres d’une famille avec laquelle Dieu a scellé l’Alliance en vue d’engendrer une grande nation, les Hébreux. Au sens large, le terme “patriarches” désigne les personnages bibliques qui ont été significatifs pour la vie et l’histoire du peuple d’Israël.
Les patriarches appartenaient à ces peuples ou tribus de migrants à la recherche de lieux où s’installer pour mieux vivre. Israël est ainsi conscient que la catégorie de l’étranger fait partie de son origine : « Mon père était un Araméen nomade, qui descendit en Égypte : il y vécut en immigré avec son petit clan. C’est là qu’il est devenu une grande nation, puissante et nombreuse » (Dt 26,5).
1Le terme “Croissant fertile” a été forgé au début du XXème siècle pour désigner une zone d’échanges entre l’Asie et l’Afrique, la Méditerranée et la Mer Rouge, délimitée par des fleuves : la vallée du Nil et son Delta sont en effet reliés aux plaines alluviales du Tigre et de l’Euphrate par le littoral de la Méditerranée. Sur la carte, cela forme un demi-cercle, un croissant. Or, au milieu, se situe ce que la Bible appelle “la terre du lait et du miel” (Ex 3,8).