A la suite de Jésus, ses disciples expérimentent qu’ils sont en chemin. Le nom des chrétiens sera « ceux de la Voie » (cf. Ac 9, 2 dans traduction de la Bible de Jérusalem), c’est-à-dire « ceux qui sont en route », et leur communauté sera toujours étrangère dans la cité du monde. Ils sont conscients qu’ils résident de manière temporaire parmi les hommes (cf. 1 P 2, 11) ; ils deviennent « étrangers », vivant « dans le monde sans être du monde » (Jn 17, 11-16).
La dimension d’extranéité de Jésus est donc devenue constitutive de l’Eglise elle-même, communauté pérégrine, précaire, appelée à vivre dans l’attente eschatologique du Seigneur qui vient. Les chrétiens ne sont pas appelés à jouir en toute quiétude sur cette terre, mais d’habiter, au dire de Paul, une cité céleste (cf. Hb 11, 10 ss.) n’ayant pas ici-bas, de cité permanente (cf. Hb 13,14).
Tout en étant « étrangers » (1 P 2,11) dans ce monde, les chrétiens font l’expérience qu’il n’y a plus d’étrangers au sein de l’Eglise : « Il n’y a plus ni juif ni grec, il n’y a plus ni esclave ni homme libre » (Gal 3, 28) », précise Paul. « Vous ne faites plus qu’un dans le Christ Jésus.» (Gal 3, 28). Depuis sa Résurrection, le Christ est tout, et il est en nous tous (cf. Col 3,11).
L’Eglise primitive ne connaît plus les séparations entre les peuples ; tous entendent parler dans leurs langues des merveilles de Dieu (cf. Ac 2, 11). L’Esprit Saint vient sur des personnes d’origine diverses et en fait des membres du corps de l’Eglise (1 Co 12,13). Et les Actes des Apôtres ouvrent l’horizon de cette « foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues » qui se rassemble devant Dieu (Ap 7, 9).