Catéchuménat : En Autriche, une pastorale commune à toute l’Eglise

Dr. Friederike Dostal, Bureau de coordination de la Conférence épiscopale autrichienne pour le catéchuménat et l’asile

Dr. Friederike Dostal, Bureau de coordination de la Conférence épiscopale autrichienne pour le catéchuménat et l’asile.

En 2014, la Conférence épiscopale autrichienne a publié des directives pour le baptême d’adultes demandeurs d’asile et réfugiés, afin de prévenir les « baptêmes blancs » (baptêmes d’apparence et non de conviction) et d’assurer une préparation adaptée et harmonisée au niveau national.

Depuis 2016, le Bureau de coordination de la Conférence épiscopale a pour objectif de promouvoir le respect des dispositions et, parallèlement, en coopération avec les autorités chargées de l’asile, de garantir des conditions équitables dans la procédure. Ces mesures devraient également empêcher que des candidats mal préparés ou avec des motivations autres que le baptême soient admis dans l’Eglise. L’Eglise n’est pas intéressée par les baptêmes d’apparence ! Le règlement était également nécessaire pour infirmer la suspicion des autorités sur le fait qu’il s’agissait de « baptêmes blancs » pour obtenir une protection.

À la demande des autorités chargées de l’asile, un questionnaire a été élaboré en 2018 pour adapter les entretiens au contenu de la préparation au baptême et pour mettre fin aux questions sur des contenus erronés ou des sujets théologiques complexes. La pratique consistant à poser des questions comparatives sur les religions ou à interroger sur des contenus non confessionnels devrait également être évitée. Par ailleurs, d’autres Eglises chrétiennes ont été impliquées dans ce processus.

Pourquoi donc devenir chrétien ?

Les étapes du catéchuménat se déroulent en fonction de la croissance et de la maturité spirituelle des catéchumènes. Il s’agit d’introduire à la foi de l’Eglise, de permettre la rencontre avec Dieu et l’intégration dans l’Eglise et la communauté locale. Les candidats au baptême sont préparés individuellement ou en petits groupes dans les paroisses. La préparation en grands groupes pose régulièrement des problèmes, car l’adhésion à la foi est difficilement vérifiable et la présence de différentes nationalités crée des tensions. Ceci est donc à éviter autant que possible.

Nous visons un processus d’apprentissage intégral et individuel qui dure au moins un an. L’histoire de chacun, son origine, son éducation et ses compétences linguistiques sont à prendre en compte. Cela nécessite un accompagnement individuel bien au-delà du baptême.

Les responsables vérifient la singularité du chemin de foi, les motivations pour demander le baptême ainsi que le statut d’asile (certains documents de la procédure d’asile doivent être fournis). Il est également essentiel de clarifier les expériences religieuses antérieures.

Les sujets de préparation comprennent les aspirations et/ou les expériences religieuses qui mènent à l’Eglise, l’apprentissage des contenus de la foi, la réception des rites préparatoires, la participation régulière aux célébrations dominicales, la participation à la vie paroissiale, la prière et l’expérience spirituelle personnelles.

Chez les personnes d’origine musulmane, les motivations pour demander le baptême sont diverses : quête de changement, de recommencement, d’un sens à la vie, de guérison, de pardon et de libération, expériences avec des chrétiens (altruisme, pardon, fraternité dans la communauté, honnêteté), engagement social envers les étrangers, désir de communauté, comparaison avec la religion antérieure, expérience de la joie de la communauté lors des célébrations, expérience d’être près de Dieu (soutien de Dieu lors de l’exil, expérience d’être aimé et guidé par Lui, rencontre avec le Christ dans des rêves, expériences de prière), respect et égalité, liberté à la place de la peur de Dieu.

Pour l’admission au baptême, les critères suivants s’appliquent :

  • La recherche d’une vie chrétienne est-elle reconnaissable?
  • Les candidats se sont-ils suffisamment intégrés dans la communauté chrétienne?
  • Une interprétation de sa propre vie à la lumière de la foi chrétienne est-elle devenue possible?
  • Y a-t-il accès à la liturgie de l’Église, qui permet de célébrer les mystères de la foi?
  • Est-ce que les antécédents, le chemin de foi, l’intégration, le changement du comportement extérieur (habitus) sont convaincants?

La préparation est alourdie par le fait que des changements sont visibles pour tous les colocataires dans les centres d’accueil des demandeurs d’asile. L’intériorisation de la foi est rendue plus difficile par les longues procédures d’asile: l’insécurité freine l’approfondissement, la peur paralyse. Les fréquents changements de lieu, les longues distances et la restriction de la participation dues à la barrière de la langue compliquent la préparation.

Dans les traductions, il faut être très attentif afin d’éviter une interprétation erronée de la foi en assimilant les termes chrétiens aux termes musulmans ; le choix des mots, notamment en farsi / dari est souvent sujet à erreur, en raison de l’absence d’une tradition chrétienne en Iran.

En 2019, à peu près 500 catéchumènes venus d’ailleurs seront baptisés.

Dr. Friederike Dostal

Bureau de coordination de la Conférence épiscopale autrichienne pour le catéchuménat et l’asile

 

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