L’accueil de l’étranger : des tendances qui s’opposent
Outre la nette affirmation du droit des étrangers, la Bible ne cache pas non plus la tendance qui considère l’étranger comme un danger pour l’identité religieuse du peuple. En effet, au retour de l’exil en 538 avant J.C., face à l’exigence de se constituer comme un peuple saint au milieu des nations étrangères, les rescapés de l’exil prôneront des mesures draconiennes contre les étrangers qui habitent en terre de Juda, avec, notamment l’interdiction de se marier avec des étrangers, et la répudiation des étrangers lorsque des mariages ont déjà été conclus.
À cette époque, on rappellera également que c’est l’idolâtrie, dont on attribue l’origine aux femmes étrangères du roi Salomon, qui est à l’origine de la faillite de la royauté davidique, et on enseignera qu’il faut se méfier des étrangers (Sir 11,34 ; Sir 8,18), même si ce même auteur est sensible aux souffrances de l’étranger pauvre (Sir 29,21-28).
Mais cette tendance n’empêchera pas certains auteurs, au même moment, de prôner une tout autre attitude face aux étrangers : c’est le cas, entre autres, des livres de Ruth et de Jonas. L’étranger peut, en effet, intégrer le peuple élu sans exiger qu’il observe toutes les normes rituelles et Dieu veut aussi le salut des étrangers.
Le livre de Ruth en est l’exemple le plus éclatant : Noémie et ses enfants sont de vrais migrants au pays de Moab et Ruth, une moabite devenue la belle-fille de Noémie, le devient également lorsqu’elle rentre veuve avec sa belle-mère à Bethléem. Elle arrive à formuler une promesse d’intégration qui sera un modèle pour tous les prosélytes : « Ton peuple sera mon peuple et ton Dieu sera mon Dieu » (Rt 1, 16).
Dans le livre de Jonas, Dieu envoie le prophète prêcher la conversion au peuple de Ninive, ennemi d’Israël, contre la volonté de Jonas lui-même.