L’Exode

sinai

Vue du Sinaï

Nous pouvons fractionner le livre de l’Exode en trois parties. La première concerne le départ de l’Egypte : le peuple d’Israël, opprimé par les Egyptiens, est libéré par Moïse, l’envoyé de Dieu. Dix plaies sont nécessaires pour convaincre le pharaon de laisser partir le peuple. Toutefois, il change d’avis et veut qu’Israël revienne en Egypte ; pour cette raison, il le suit jusqu’à la mer, où ses armées seront submergées.

La deuxième partie est presque une phase de transition : on y trouve certains épisodes du séjour dans le désert, où Dieu montre qu’il est capable de répondre aux besoins de son peuple en lui fournissant de l’eau et de la nourriture et en le défendant contre les ennemis.

La troisième partie, la plus longue, est consacrée aux épisodes du séjour d’Israël près du mont Sinaï. Nous y trouvons la théophanie du Sinaï (manifestation de Dieu), la consigne du Décalogue et la conclusion de l’Alliance.

Nous pouvons ainsi condenser l’Exode : au début, voyant le peuple d’Israël qui subit un esclavage très dur au service de pharaon, le Seigneur le libère et l’accompagne dans son exode à travers le désert, en suite, Israël honore le Dieu libérateur par le service du culte et par le travail.

Le parcours accompli par Israël devient ainsi un modèle. Il quitte un pays où il était étranger, mais où il avait tout, sauf la liberté. Il le quitte pour suivre la promesse d’une destination où coulent le lait et le miel. Cependant, il est difficile de quitter l’Égypte à cause de l’opposition du pharaon.

Dieu doit ainsi lutter sur trois fronts : contre pharaon et les Egyptiens, contre Israël qui est démoralisé par les difficultés du chemin de libération tant qu’il arrive à préférer la précédente situation d’esclavage au désert et même contre Moïse qui résiste à l’appel de Dieu et se décourage quand pharaon refuse de laisser partir Israël.

Le peuple apprendra graduellement à servir son Dieu et le livre de l’Exode se termine par l’acceptation que Dieu demeure au milieu de son peuple (Ex 40,34-35) qui l’accepte et le reconnaît comme son Souverain.

Pour atteindre cet objectif, Dieu et son peuple ont dû surmonter plusieurs obstacles : le pharaon, certes, mais aussi le veau d’or. Le peuple libéré n’est pas capable de rester fidèle à l’idéal proposé par Dieu et il construit un veau d’or parce que son Dieu lui semble lointain. Le veau d’or était alors une forme visible de Dieu, mais aussi le symbole de la fécondité, de la puissance et de la richesse, c’est-à-dire l’adhésion aux valeurs fondamentales de pharaon.

Dans cette situation Dieu envoie Moïse pour détruire le veau et montrer la fragilité de ces valeurs.

Un paradoxe de l’Exode est que Dieu libère son peuple pour lui donner une loi. Loi et liberté sont souvent des mots qui se contredisent, mais non dans l’univers biblique où Dieu institue la loi pour éliminer l’anarchie et l’arbitraire du pouvoir absolu.

En outre, dans le Décalogue, nous trouvons le commandement concernant le respect du septième jour (sabbat), comme jour de repos pour tous, indépendamment des diverses conditions sociales. Il s’agit d’un élément de démocratisation qui élimine toute différence. Le samedi est aussi un signe de liberté, car Israël esclave en Egypte a été libéré gratuitement par Dieu. Et de ce fait ne doit pas faire subir le même sort aux émigrés et aux étrangers.

Parmi les lois sur le culte, il y en a une qui renvoie à l’Exode, celle sur l’institution des pains azymes. Au mois d’Abib (qui signifie épi), Israël a quitté l’Egypte. Cette liturgie célèbre aussi l’intervention de Dieu dans l’histoire et sa bénédiction annuelle.

Dieu, qui a libéré son peuple, ne lui impose pas sa loi, mais lui demande un consensus. Cela implique que tout le peuple s’engage à respecter et à faire respecter la loi.

Dieu demande à Moïse de fabriquer un filet en bronze avec quatre anneaux aux quatre coins et quatre barres de bois couvertes en bronze, pour qu’on puisse soulever et donc transporter son autel. Alors que le temple, qui n’est pas, en général, transportable, est synonyme de stabilité et pas de mouvement, synonyme à son tour d’instabilité, Dieu avec son arche d’alliance partage la vie de son peuple errant (Ex 25,14).