La diaspora biblique
Les termes hébreux qui traduisent le mot « diaspora » sont gôlah et gâlut qui signifient dispersion ou exil. Ils sont utilisés pour indiquer la dispersion volontaire du peuple hébreu pour la distinguer d’autres formes de diaspora forcée comme, par exemple, la dispersion des Hébreux au temps de l’exil en Babylone ou en d’autres moments de l’histoire.
La diaspora biblique a été provoquée par plusieurs facteurs comme des catastrophes naturelles, des persécutions, des expulsions ou d’autres raisons d’ordre économique. La plus importante diaspora est celle liée aux guerres. Une première déportation de prisonniers a eu lieu lorsque le pharaon Sisach a pris d’assaut Jérusalem. Ensuite, la fin du royaume du Nord a produit la dispersion des dix tribus d’Israël. Les tribus du Nord n’ont pas pu retourner de la déportation, alors que la population de Juda, exilée à Babylone, a pu faire son retour dans sa terre, après cinquante ans grâce à l’édit du roi Cyrus. De nombreux Hébreux, exilés à Babylone n’ont pas fait retour en Palestine parce qu’ils avaient construit une nouvelle vie en exil ou parce que leurs enfants ne voulaient pas retourner dans une terre qu’ils ne connaissaient pas, déterminant ainsi une situation de diaspora choisie et volontaire.
En dehors de la Palestine, les deux régions où se concentraient de nombreux Hébreux dans la période gréco-romaine sont Babylone et l’Égypte. Ces puissances ne sont pas présentés comme ennemies, mais peuvent, dans certains moments historiques, être des alliées, comme l’Égypte, qui fascinait le peuple hébreu par sa richesse, sa puissance militaire et sa maîtrise technique. Il n’est donc pas étonnant de trouver une grande communauté d’Hébreux dans cette région.
La diaspora, bien qu’elle contraste avec le désir d’un peuple de vivre stablement dans sa propre terre, a aussi des aspects positifs. En effet, pendant la période romaine, le judaïsme en diaspora a pu être reconnu, toléré et respecté. En outre, elle a permis à la lumière de Dieu d’atteindre les nations : « Je te rendrai lumière des nations pour que tu apportes mon salut jusqu’aux extrémités de la terre » (Is 49,6).
La réalité du peuple de Dieu qui vit la diaspora est présente aussi dans le Nouveau Testament, où elle apparaît comme une situation normale, parce qu’elle est projetée vers un futur positif, étroitement lié à la promesse de Dieu (Phil 3,20).
C’est dans ces termes que s’exprime l’auteur de la première lettre de Pierre qui qualifie les destinataires de deux façons différentes : ils sont élus et dispersés dans le monde. L’élection met en évidence la gratuité du don de Dieu que les croyants ont reçu ; la dispersion décrit la façon dont ils sont appelés à vivre leur vocation. Les chrétiens sont appelés à vivre comme des étrangers qui résident temporairement dans un endroit ; ils pourront ainsi faire l’expérience d’Abraham, qui étant étranger, est devenu l’intermédiaire de la bénédiction de Dieu pour tous les peuples.